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Mali : 4 chefs d’État de la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) se rendent ce mardi à Bamako pour tenter de dénouer la situation

Après l’échec des deux précédentes délégations à réconcilier le régime malien et le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), celle-ci parviendra-t-elle à vaincre l’enlisement du dialogue?

La CEDEAO passe à la vitesse supérieure dans la crise malienne après l’échec de sa dernière médiation la semaine passée, le M5-RFP ayant rejeté en bloc les propositions de la mission menée par l’ancien Président nigérian Goodluck Jonathan. En effet, ce mardi, c’est une délégation de haut niveau, composée de 4 chefs d’État de la sous-région qui prend la direction de Bamako pour poursuivre le travail de médiation entre le régime malien et l’opposition. Selon l’hebdomadaire Jeune Afrique, il s’agirait d’Alassane Ouattara, Macky Sall, Mahamadou Issoufou et Nana Akufo-Addo.

Le départ d’Ibrahim Boubacar Keita, pierre d’achoppement des négociations

Le dialogue avait notamment achoppé sur la question, centrale aux yeux du M5-RFP, de la démission d’Ibrahim Boubacar Keita (IBK). En plus du maintien d’IBK jusqu’à la fin de son mandat en 2023, le remembrement de la Cour constitutionnelle, le réexamen des résultats du second tour des élections législatives de mars et avril dans les circonscriptions concernées par les litiges, la CEDEAO a proposé la formation d’un gouvernement d’union nationale composé à 50% de membres de la majorité présidentielle, 30% de représentants de l’opposition et 20% de figures de la société civile. Ainsi, l’opposition reproche-t-elle à l’organisation sous-régionale d’avoir réduit ses revendications à des problématiques électorales. Elle demeure ferme sur la démission du Président IBK, l’instauration d’une transition démocratique ou encore l’ouverture d’une enquête indépendante sur les tueries des 10, 11 et 12 juillet dernier.

« C’est une ligne rouge. Il y a une Constitution qui gouverne le pays, il faut respecter la Constitution. Si on ne respecte pas la Constitution, c’est la porte ouverte à tout. La constitution dit que les élections c’est tous les cinq ans. Au niveau de la CEDEAO, nous ne pouvons pas accepter des prises de pouvoir par des formes non constitutionnelles. Cela a été des points clairs. Le M5-RFP a été très franc avec nous. Nous avons été à notre tour très francs avec eux. », a défendu Jean Claude Kassi Brou, Président de la Commission de la CEDEAO.

Affrontement de logiques et légitimités difficilement conciliables M5-RFP et CEDEAO avancent selon des logiques concurrentes

L’opposition d’une part, tirant sa légitimité du mouvement populaire, dont elle a par ailleurs fait son porte-drapeau, risque de s’aliéner le soutien de la rue en cédant sur le point de la démission du Président malien, laquelle cristallise sa colère. La CEDEAO d’autre part, représente un ordre étatique, et ne peut se permettre de soutenir le renversement d’un chef d’État. Une telle brèche fragiliserait en effet l’ensemble des régimes de la sous-région, et créerait un précédent dont les homologues d’IBK pourraient éventuellement faire les frais.

Au cours d’une réunion tenue lundi, les membres du comité stratégique du M5 ont réaffirmé leur désaccord avec les recommandations de la CEDEAO. Lors de cette rencontre, le M5 a également décrété une trêve dans la désobéissance civile jusqu’à la fin du mois pour permettre aux maliens de préparer la Tabaski prévue fin juillet. Ici, le calendrier religieux a peut-être servi de prétexte à l’opposition pour concéder un apaisement propice aux discussions, sans donner l’impression de céder du terrain.

Teria News

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