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Nouveau coronavirus : quand la nouvelle pandémie crée un espace à l’opportunisme politique

Il était de notoriété publique que les pandémies profitent à certains lobby commerciaux, lesquels s’immiscent dans les politiques publiques internationales, élaborées en réponse aux problématiques exigeant une réplique transnationale.

Depuis la psychose en 2006 autour de la grippe aviaire, ou grippe H5N1, sacs et cabas se sont armés de gels hydro alcooliques, encore peu encrés dans les habitudes, jusqu’à devenir un automatisme pour beaucoup, même une fois la menace jugulée. Aujourd’hui, alors que les cas d’infection au Covid-19 augmentent à travers le monde, et que l’Organisation mondiale de la santé parle officiellement de pandémie, les prix des gels hydro alcooliques s’envolent, tout comme ceux des masques, lorsqu’ils ne sont tout simplement pas absents des rayons des supermarchés et pharmacies.

La politique n’est pas en reste. Du Nord au Sud et d’Est en Ouest, les dirigeants de tous bords s’appuient sur le nouveau coronavirus pour faire avancer leur agenda politique.

Ainsi, alors qu’il avait juré de ne pas toucher à la Constitution pour se maintenir au pouvoir au-delà de 2024, le président russe Vladimir Poutine s’est dit favorable à l’idée de « repartir de zéro » concernant le nombre de mandats qu’il a effectués. Mardi 10 mars, le Parlement russe a voté un amendement constitutionnel qui permettra à l’homme fort de se représenter. S’exprimant devant les députés, Vladimir Poutine s’est justifié en disant avoir à cœur  » la stabilité », « peut-être plus importante « , et les « menaces sécuritaires et économiques ». Pour être entérinée, la mesure devra être approuvée par la Cour constitutionnelle et un « vote populaire » prévu se tenir le 22 avril. L’agenda médiatique chargé par les évolutions de la crise sanitaire mondiale causée par le Covid-19 a déjà relégué cet évènement politique au second rang, et les russes ne pourront pas manifester leur mécontentement dans la rue, ces rassemblements publics étant proscrits.

En Algérie, le mouvement du Hirak se voit lui aussi bloqué par le nouveau coronavirus. La rue, haut-lieu de la contestation populaire, est désormais déconseillée aux algériens qui refusent une transition molle, et désirent maintenir la pression sur le pouvoir contre un changement au rabais.

En France, les mesures prises dans le cadre de la lutte contre l’épidémie ont renvoyé dans leurs foyers les irréductibles Gilets jaunes et marcheurs de la contestation historique contre la réforme du régime des retraites qui secoue l’Hexagone depuis décembre 2019, et qui ne s’étaient pas laissés décourager par le recours polémique à l’article 49.3 de la Constitution de la Ve République, permettant à la majorité parlementaire de faire passer un texte sans vote.

Sur le marché du pétrole, l’Arabie Saoudite profite de l’instabilité de la demande pour engager une guerre des prix, en refusant de baisser sa production d’or noir, pensant comme lors de l’offensive lancée en 2014 contre le pétrole canadien et américain issu des réserves de schiste, que les autres producteurs de pétrole, aux réserves plus fragiles, ne pourront pas suivre le rythme, pour ainsi leur rafler des parts de marché. Une politique qui a causé un « lundi noir » sur les marchés.

Ce jeudi les européens se sont réveillés en état de choc. Alors qu’il était accusé de laxisme par ses détracteurs, notamment parce qu’il tenait, au mépris des recommandations émises par sa propre administration, à aller au contact des électeurs américains en continuant à serrer des mains, Donald Trump a annoncé la suspension des vols entre l’Europe et les États-Unis (à l’exception du Royaume-Uni) pendant 30 jours. Là où certains y voient une mesure salutaire, à 8 mois des élections de novembre, d’autres crient à la manœuvre électoraliste.

Une chose est certaine, le président américain ne vient pas boucler la boucle d’une série de faits politiques à la lisière entre responsabilité et opportunisme.

Wuldath MAMA

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