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Gabon : disgrâce et bannissement de Frédéric Bongo

Frédéric Bongo radié de l’armée. Se méfiant de lui depuis le coup d’État raté de 2019, Ali Bongo, officiellement candidat à un troisième mandat, renvoie son demi-frère de l’armée après l’avoir banni en Afrique du Sud.

Guerre fratricide au sommet de l’État gabonais. La chute du colonel Frédéric Bongo Odimba aura été aussi rapide que son ascension fut fulgurante.

Exilé à l’ambassade du Gabon en Afrique du Sud depuis octobre 2019, Frédéric Bongo est allé de disgrâce en disgrâce depuis l’accident vasculaire cérébral (AVC) d’Ali Bongo survenu un an plus tôt. Le président gabonais alors souffrant, une guerre de tranchées entre clans rivaux s’engage dans son entourage. Se dessine notamment une fracture entre Sylvia Bongo, épouse du chef d’État et Frédéric Bongo. En l’absence de son demi-frère, le colonel veille sur les intérêts d’Ali Bongo en censurant l’information au Gabon et en assurant la sécurité intérieure du pays, notamment en gardant à l’œil Brice Laccruche Alihanga. Alors puissant directeur de cabinet d’Ali Bongo, depuis écarté pour crime de lèse-majesté, l’intéressé se voit interdit de quitter le territoire national.   

Sur tous les fronts, Frédéric Bongo organise également la convalescence de son frère au Maroc. Un conflit éclate avec Sylvia Bongo qui souhaitait faire soigner son époux à Londres.

Indexé pour le coup d’État raté de 2019

Le fils préféré d’Omar Bongo est né le 26 août 1979 à Paris. Titulaire d’une maitrise en Sociologie, il est formé à l’École Spéciale Militaire de Saint Cyr et à l’École des Officiers de la Gendarmerie Nationale de Melun, en France. De retour au Gabon, Frédéric Bongo intègre la Direction Générale des Recherches (rattachée à la Gendarmerie) avant d’être propulsé à la tête de l’institution par Omar Bongo. Brutal, il se fait progressivement un prénom et une place dans l’entourage de son frère qu’il participe à hisser au sommet de l’État gabonais.  

Tout bascule avec la tentative de coup d’État du 7 janvier 2019 du lieutenant Kelly Ondo Obiang, officier de la Garde Républicaine. Chef de la Direction générale des services spéciaux (DGSS- Garde Républicaine), le plus puissant service de renseignement du Gabon, Frédéric Bongo est mis sur la touche pour son échec à prévenir la tentative de putsch, voire pour l’avoir orchestré. Il échappe à une première purge qui, orchestrée par Sylvia Bongo, voit la mise au ban de 18 proches collaborateurs du président gabonais. S’il maintient son poste, Sylvia Bongo parvient toutefois à lui interdire l’accès à la résidence privée de son époux.  

La disgrâce de Frédéric Bongo éclate au grand jour le 15 Octobre 2019. À l’issue d’un conseil des ministres fatidique présidé par Ali Bongo lui-même, le garde du corps en chef du président est muté, banni à l’ambassade du Gabon en Afrique du Sud en tant qu’attaché militaire. Prenant le prétexte d’un stage de perfectionnement en France, il ne fait pas long feu à Pretoria.

Un retour d’exil redouté

Son rappel à Libreville le 4 mars 2022 a agité le landerneau politique gabonais. En effet, la « désertion » Sud-africaine de Frédéric Bongo a été mal accueillie par la présidence. Objet d’une enquête du « Conseil d’enquête de la Garde Républicaine », le fils préféré d’Omar Bongo a été radié de l’armée le 12 mars 2022, selon le site Mondafrique.

À un an de la présidentielle à laquelle Ali Bongo s’est déclaré candidat, cette radiation a un parfum de purge. Respecté au sein de l’armée, Frédéric Bongo représentait une menace. Les ennuis pourraient se prolonger pour lui avec des poursuites judiciaires liées au putsch raté de 2019.

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Teria News

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