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Gaza : l’Égypte menace de suspendre les accords de Camp David

Les accords de Camp David en péril ? L’Égypte menace Israël de suspendre le traité de paix bilatéral si Tsahal attaque Rafah. Prochaine cible de son offensive sur Gaza, la ville abrite plus d’un million de réfugiés Palestiniens. L’Afrique du Sud a, de nouveau, saisi la Cour internationale de justice (CIJ) selon la procédure d’urgence.

Ils sont 1.3 million à avoir trouvé refuge à l’extrême Sud de Rafah depuis le déclenchement de la riposte israélienne à l’attaque du 7 octobre perpétrée par le Hamas. En quatre mois, la population de cette ville gazaouie, frontalière de l’Égypte, a quintuplé. Entassés dans des abris précaires, ces réfugiés Palestiniens manquent de tout et certains enfants dorment dans des cages à poule. Le système hospitalier quant à lui s’est effondré, tandis que l’aide humanitaire n’arrive pas, ou presque. Alors que l’Égypte et Israël se renvoient la responsabilité de son acheminement, l’ONU et plusieurs ONG se désolent face à une catastrophe humanitaire.

Dans ce contexte, l’offensive annoncée par le Premier ministre israélien suscite la vive appréhension des travailleurs humanitaires et les réactions des grandes puissances. Feignant l’impuissance, elles révèlent leur hypocrisie. En oscillant entre condamnations formelles et soutien effectif à l’opération militaire de Tsahal dans l’enclave côtière, leur attitude envoie un message confus de nature à nourrir les accusations de « deux poids, deux mesures » lancées contre les principaux acteurs système international.  

Jeu trouble des pays arabes et de Washington

En large décalage avec leurs populations, à l’image de l’Égypte, le rôle des pays arabes reste flou. En plus de limiter le flux d’aide humanitaire entrant via le checkpoint de Rafah qu’elle contrôle, l’Égypte a, samedi 10 février, menacé l’État hébreu de rompre les accords de Camp David, non pas si l’armée israélienne attaque Rafah, mais si des réfugiés Gazaouis entraient dans le désert du Sinaï. Parrainés par les États-Unis, alors dirigés par Jimmy Carter, et catalysés par la médiation intense de feu Henry Kissinger, ces accords de paix (1979) ont matérialisé une première reconnaissance d’Israël par un État arabe, notamment contre la restitution du Sinaï à la partie égyptienne. À la manœuvre, avec Doha et Washington pour négocier un nouveau cessez-le-feu entre Israël et le Hamas après l’échec des précédents pourparlers, le Caire craint l’infiltration du groupe, émanation des frères musulmans et bête noire du régime du maréchal Al-Sissi.  

Malgré le plan d’évacuation des civils annoncé par Benyamin Netanyahu, l’offensive sur Rafah fait souffler un vent de nervosité, même sur les plus fidèles alliés d’Israël. Après avoir jugé la riposte israélienne « excessive », Joe Biden aurait eu, à l’encontre du Premier ministre israélien, des termes peu flatteurs. Sincères dissentions ou prises de distance savamment orchestrées pour apaiser l’électorat démocrate dont la sensibilité, en amont de la présidentielle de novembre prochain, atteint progressivement le point de bascule en faveur des populations Palestiniennes ? Si crédibles, les pressions américaines devront désormais s’accompagner de conditionnalités dans l’attribution d’armes à l’État hébreu.

Prétoria saisit la CIJ au sujet de Rafah

« Nous discutons de la situation à Rafah qui est très préoccupante. Comme vous le savez, les gens sont anxieux et craignent une éventuelle opération militaire de grande envergure. Si cette opération militaire a lieu, la question est de savoir où iront les civils. Il n’y a absolument plus d’endroit sûr à Rafah. Et la crainte est que le nombre de personnes tuées et blessées commence à augmenter de manière significative dans ce conflit où, je le rappelle, plus de 100 000 personnes ont déjà été tuées, blessées ou sont portées disparues, ce qui représente en quatre mois, 5 % de la population. »

Philippe Lazzarini, commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient

Suite à une première saisine aux résultats mitigés pour « génocide », l’Afrique du Sud a déposé un nouveau recours devant la Cour internationale de justice (CIJ) de l’ONU. Selon la procédure d’urgence entamée lundi 12 février, Prétoria demande à la Cour d’examiner le projet d’Israël d’étendre son offensive militaire à Gaza jusqu’à la ville de Rafah au motif qu’elle viole les mesures conservatoires exigées d’Israël par la CIJ lors de sa décision rendue le 26 janvier.

Dans son dernier recours, la présidence sud-africaine s’est dite « gravement préoccupée » et craint que l’offensive militaire entraine de nouveaux « massacres, blessés et destructions à grande échelle ». Elle invite ainsi la Cour à prendre des mesures d’urgence supplémentaires pour protéger les droits des civils à Gaza.

Teria News

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