AfriquePolitique

Mali : les recommandations du dialogue inter-Maliens remises à Assimi Goïta

Conclu vendredi 10 mai, les recommandations du dialogue inter-Maliens ont été transmises à Assimi Goïta lundi. Le document préconise notamment l’ouverture d’un dialogue avec les groupes armés et la prorogation de la transition pour une période de 2 à 5 ans.

Il s’agissait pour les autorités de Transition de nationaliser le processus de paix inter-Maliens dans le cadre d’une crise diplomatique avec l’Algérie, accusée d’ingérence dans les affaires intérieures du Mali. Après plusieurs séquences, dont le rappel mutuel d’ambassadeurs, la crise de confiance entre Bamako et Alger avait atteint un pic avec la dénonciation par le Mali de l’accord d’Alger en janvier dernier. Conclu en 2015 entre l’État malien et une majorité de groupes rebelles de l’ex CMA, pour la plupart rassemblés aujourd’hui au sein du CSP-PSD, il était jusqu’alors le cadre de référence devant mener à une réconciliation nationale.

Ouvert le 6 mai dans sa phase nationale, le dialogue a conclu ses travaux vendredi 10 mai avec 300 recommandations remises lundi 13 mai à Assimi Goïta. Si 3000 personnes ont participé aux assises, les rebelles du CSP, mais surtout les partis politiques, dont les activités sont suspendues depuis le 10 avril, en étaient les grands absents, mettant en cause l’inclusivité du processus.

Paix et concorde nationale via la valorisation des mécanismes endogènes

« L’objectif assigné à ce dialogue était de diagnostiquer les causes des conflits intracommunautaires et intercommunautaires afin de tracer une architecture de paix durable, recoudre le tissu social et renforcer le vivre-ensemble »

Colonel Assimi Goïta

Alors qu’un vide juridique prévalait après la fin officielle de la Transition le 26 mars dernier, le dialogue inter-maliens recommande une prorogation de celle-ci de 2 à 5 ans. S’estimant affranchies de la tutelle de la CEDEAO dont elles ont claqué la porte « avec effet immédiat » le 28 janvier dernier, les autorités maliennes ont les coudées franches pour reformuler les termes et la durée de la Transition. Également abordée par le dialogue, la clôture de cette dernière devrait déboucher sur des élections auxquelles le colonel Assimi Goïta pourrait être candidat. Autre mesure phare, le dialogue recommande d’engager le dialogue avec tous les mouvements armés maliens alors que le sujet était jusqu’ici tabou, certains partenaires du Mali y étant opposés.  

Par ailleurs, les conclusions de ces assises nationales recommandent aussi l’instauration d’une journée nationale du pardon, l’organisation du retour des réfugiés et des déplacés, l’instauration d’un cadre de dialogue permanent intra et intercommunautaire, la dissolution des milices et groupes d’auto-défense couplée à la réinsertion socioprofessionnelle de leurs combattants.

En outre, le recours aux valeurs et coutumes maliennes endogènes a été préconisé pour mieux prévenir, gérer et régler des conflits. Un retour qui repose sur le renforcement des capacités des autorités traditionnelles.

Grogne des partis politiques

Antagonisés par Bamako depuis leur suspension, les partis, regroupements de partis et organisations de la société civile signataires de la déclaration du 31 mars 2024 ont réagi aux conclusions du dialogue national en évoquant « un grotesque piège politique ». « Ce dialogue, en définitive, qui était censé être un cadre fédérateur de toutes les forces vives de la Nation, afin d’identifier les sources des crises qui secouent le pays, de prévenir et gérer les conflits en valorisant des mécanismes de gestion endogène, s’est révélé être un grotesque piège politique, au regard de son déroulement, du contexte d’exclusion créé en amont des forces vives significatives, et de ses conclusions majeures d’avance », dénoncent-ils.

De plus, poursuivent les partis et regroupements politiques, « les recommandations du ‘dialogue inter-Maliens’ qui vient de se terminer ne sauraient engager le peuple malien qui ploie sous l’insécurité et sous les difficultés quotidiennes, un peuple en proie aux difficultés d’une cherté de la vie sans précédent, un peuple qui est confronté aux conséquences des délestages de courant électrique auxquels les autorités ont démontré leur incapacité notoire à apporter un moindre début de solution ».

Après avoir reçu le document regroupant l’ensemble des recommandations du dialogue, le colonel Assimi Goïta a instruit les organes de la Transition de prendre toutes les dispositions en vue de leur mise en œuvre.

Teria News

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page