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La justice Centrafricaine ouvre « une enquête régulière » sur les 4 légionnaires arrêtés lundi

Le véhicule des 4 militaires arrêtés lundi à Bangui était « suivi par les services de renseignements de la police depuis deux mois », affirme la justice Centrafricaine dans un communiqué publié ce mercredi. Le parquet annonce l’ouverture d’une « enquête régulière ».

Avec la lecture d’un communiqué à la radio nationale ce mercredi, les autorités Centrafricaines brisent le silence et offrent, pour la première fois, leur lecture des évènements de lundi après-midi. Jusqu’à présent, seules les voix de l’ambassade de France à Bangui et de la Mission Intégrée multidimensionnelle de Stabilisation des Nations Unies en République Centrafricaine (MINUSCA) se sont faites entendre au sujet de l’arrestation de quatre membres de la Légion étrangère (corps de l’armée française composé de mercenaires).

Le procureur de la République, Laurent Lengande, affirme que la présence d’un « véhicule suspect, moteur en marche, avec des passagers à bord », a attiré l’attention de la police affectée à la sécurité de l’aéroport de Bangui. Il s’agissait d’un véhicule « suivi par les services de renseignements de la police depuis deux mois » et qui se trouvait « à moins de 30 mètres du passage du cortège présidentiel » alors que le protocole d’Etat attendait l’atterrissage de l’avion du président Faustin Archange Touadéra, de retour du sommet Union Européenne / Union Africaine, tenu à Bruxelles. Le véhicule était occupé par quatre légionnaires de nationalité Française, Italienne, Bulgare et Roumaine. Affirmant appartenir à la MINUSCA, ils ont été « conduits à la Section des Recherches et d’Investigations ».

« L’équipe de protection rapprochée du général (Stéphane) Marchenoir, chef d’état-major de la Force de la Minusca (Mission des Nations unies en Centrafrique), composée de quatre militaires français, a été arrêtée cet après-midi à l’aéroport de Bangui », affirmait lundi l’ambassade de France à Bangui. De toute évidence, les explications données par l’ambassade comme par la MINUSCA ne sont pas parvenues à convaincre les autorités Centrafricaines. En effet, dans le même communiqué, le parquet estime curieux que les soldats, « au lieu d’utiliser un véhicule estampillé UN appartenant à la MINUSCA, […] ont choisi d’utiliser un véhicule banalisé de marque TOYOTA V8 blindé, vitre fumée qu’ils auraient pris en location ».

Ainsi, le parquet de la République près le Tribunal de Grande Instance de Bangui a « décidé de l’ouverture d’une enquête régulière pour faire la lumière sur les faits », conclu le communiqué, en exhortant au calme pendant la procédure en cours.

Dans un contexte de vives tensions diplomatiques entre la Centrafrique et ses partenaires occidentaux, en particulier la France, depuis que Bangui a fait le choix des paramilitaires russes de Wagner pour la reconquête (réussie) et la sécurisation de son territoire, longtemps aux mains de groupes rebelles, cette affaire risque d’aggraver la crise entre le pays et les chancelleries occidentales. L’ONU, qui réclame la libération des quatre soldats, ne cesse de condamner les actions des mercenaires de Wagner accusés de toutes sortes d’exactions (reconnues par le président Touadéra). Alors que la tension monte à l’Est de l’Ukraine, délestée par la Russie de deux régions séparatistes dont la reconnaissance par Moscou a été condamnée par l’Occident, les évènements de lundi revêtent une dimension internationale.

Jeudi, 72 heures après les faits, le parquet centrafricain a classé l’affaire sans suite et libéré les quatre militaires de la MINUSCA.

Teria News

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