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Niger : le CNSP décolonise les rues de Niamey

Finies les rues glorifiant l’empreinte coloniale de la France à Niamey. Le CNSP d’Abdourahamane Tiani débaptise les artères de la capitale nigérienne portant des noms français. Depuis le mardi 15 octobre, elles sont rebaptisées au nom de héros nationaux ou panafricanistes.

L’acculturation dont les nouvelles générations tentent de s’émanciper sur le continent africain imprègne les centres urbains des capitales africaines, dont les noms renvoient souvent à des personnages clés de l’histoire coloniale française. Un symbole pour certains, mais pour d’autres, le symptôme de lacunes profondes dans les processus de décolonisation et de construction d’États souverains, comme de nations fortes.

C’est dans cet esprit que le CNSP nigérien a entrepris de rebaptiser les rues de Niamey. Finis les noms français, désormais, les artères de la capitale nigérienne refléteront l’histoire du pays et celle de figures panafricanistes. Mardi 15 octobre, les représentants des autorités du pays ont sillonné les rues de la ville pour marquer ce changement.

Reconstruire et revaloriser un narratif national

« La plupart de nos avenues, boulevards, rues (…) portent des noms qui rappellent tout simplement les souffrances et les brimades subies par notre peuple par l’épreuve de la colonisation », colonel major Amadou Abdramane, ministre de la Jeunesse et Porte-parole du CNSP.

Ainsi, l’avenue du Général-de-Gaulle devient l’avenue Djibo-Bakary. Cette personnalité du mouvement indépendantiste nigérien s’opposera au tournant libéral et francophile de Félix Houphouët-Boigny et sera le premier maire élu de Niamey en 1956. Deux ans plus tard, il deviendra président du Conseil, soit chef de gouvernement et soutiendra le « non » au référendum du 28 septembre 1958 visant à créer la Communauté française. Le gouvernement de Djibo-Bakary tombe après la victoire du « oui ». Persécuté politiquement, il rejoindra le Ghana de Kwame Nkrumah avant de revenir au Niger au soir de sa vie.

Revendiquer une souveraineté culturelle

Plus loin à Niamey, le monument consacré aux morts des deux guerres mondiales devient Bubandey Batama (« À nos morts », en langue djerma). Un changement destiné à rendre « hommage à toutes les victimes civiles et militaires de la colonisation à nos jours ».

Le portrait du commandant et explorateur français Parfait-Louis Monteil, gravé depuis des décennies dans un monument en pierre, a lui été remplacé par une plaque à l’effigie de Thomas Sankara, le jour de commémoration du 37e anniversaire de son assassinat. À cette occasion, le colonel Amadou a salué la « lutte de libération » et « d’émancipation des peuples » de cette figure panafricaniste, qui « continue encore d’inspirer les populations ».

L’emblématique « Place de la Francophonie » a également changé d’identité. Elle a été renommée « Place de l’Alliance des États du Sahel ». Crée en septembre 2023 par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, en solidarité aux menaces d’intervention militaire de la CEDEAO contre Niamey suite au coup d’État mené par le CNSP en juillet de la même année, l’AES s’est muée un an plus tard en Confédération. Un projet politique fédéral reposant sur trois piliers : militaire, diplomatique et de développement.   

Depuis le 23 juillet 2023, les relations entre les autorités militaires du Niger et la France n’ont cessé de se dégrader. Après l’expulsion des troupes françaises de Barkhane et Takuba, celle de l’ambassadeur français au Niger dont la représentation a fermé en décembre 2023, en septembre dernier, le centre culturel franco-nigérien Jean Rouch, du nom d’un réalisateur et ethnographe français a été renationalisé et renommé Moustapha-Alassane, un cinéaste nigérien.

Teria News

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