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Mort de Hassan Nasrallah : l’ultime limite avant une guerre régionale totale ?

Elle a été confirmée il y a quelques heures par la milice chiite libanaise. La mort de Hassan Nasrallah dans une frappe israélienne au cours de la nuit du vendredi 27 au samedi 28 septembre signe l’entrée dans un conflit de haute intensité entre le Hezbollah et Israël. Mais son décès allume également la mèche d’une guerre totale avec l’Iran.

Les frappes israéliennes sur le Sud-Liban au cours de la nuit dernière, pilonnant le bastion du Hezbollah et emportant son chef, Hassan Nasrallah, selon un communiqué de Tsahal, ensuite confirmé par la milice chiite, précipitent la région et le monde dans un scénario catastrophe, redouté dès les lendemains du 7 octobre 2023. Bientôt un an d’opérations militaires dans la bande de Gaza au prix de 40.000 victimes civiles Palestiniennes et de destructions massives dans l’enclave côtière. Désormais, le conflit né de la volonté de l’État hébreu de riposter, mais plus encore de rétablir la crédibilité dissuasive perdue dans la vulnérabilité exposée par les incursions du Hamas sur son territoire, se déplace vers le Liban.

La militarisation de bipeurs et autres appareils électroniques utilisés comme explosifs en début de semaine passée a été interprétée avec justesse comme le prélude de l’ouverture par Israël d’un nouveau front, au nord de ses frontières, avec le Hezbollah. 37 personnes ont trouvé la mort et 3.500 furent blessées dans une attaque qui a porté un coup physique, autant que moral à la milice, connue pour sa prudence tactique.

Un raid meurtrier sur le sud-Liban

Tsahal a revendiqué avoir mené vendredi en fin d’après-midi une série de frappes contre le quartier général du Hezbollah à Dahiyeh, la banlieue sud de Beyrouth, provoquant l’effondrement de six immeubles résidentiels au cœur du bastion du mouvement islamiste chiite, et faisant six morts et 91 blessés, selon le ministère libanais de la Santé. Parmi eux, Hassan Nasrallah, chef de la milice et symbole ultime de résistance contre l’État hébreu. À cet égard, sa mort, après celle d’Ismaël Haniyeh, le 31 juillet dernier (toujours non revendiquée par Israël), est le coup le plus sévère porté contre l’« Axe de la résistance » dont le Hezbollah, et plus particulièrement, la figure mythifiée de Hassan Nasrallah, représentait le fer de lance.

Si l’Iran, au centre de cette galaxie de proxys libanais, yéménite, gazaoui, irakien et syrien a retenu ses élans vengeurs après la disparition, sur son sol et sous la surveillance de ses services secrets, du chef politique du Hamas, Téhéran ne peut se permettre, au risque de perdre toute crédibilité, de garder le silence après l’assassinat de Hassan Nasrallah. Après, et même dans certains imaginaires, devant l’ayatollah Khamenei, ce dernier représentait en effet la figure la plus important de la résistance à la politique ainsi qu’aux intérêts américains et israéliens dans la région. Ainsi le modèle de réponse millimétré à l’attaque de son consulat de Damas le 1er avril par l’armée israélienne ne devrait, pas être réédité.

Benyamin Natanyahu prisonnier d’une coalition et de dossiers d’« affaires »

Pris au piège dans une coalition d’extrême droite, Benyamin Natanyahu doit donner des gages à sa frange la plus dure. Représentée par Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich, ministres ouvertement suprémacistes, elle exerce un chantage constant sur un Premier ministre israélien, qui redoute la perspective de perdre le pouvoir et avec lui, l’immunité temporaire qui lui évite de devoir rendre des comptes, non seulement sur sa gestion sécuritaire, mais également sur les dossiers de corruption montés par la justice israélienne. Une alliance existentielle qui le pousse à la surenchère militaire et responsable de l’escalade du conflit au Liban.  

Ce nouveau front et ce risque de guerre totale contre l’Iran marque aussi l’échec de la diplomatie américaine. Après la vente d’armes de 20 milliards de dollars consentie suite à un embargo éphémère sur les ventes de munitions, les États-Unis viennent encore d’approuver une vente d’armes de 8.7 milliards de dollars à Israël. De quoi éroder un peu plus une crédibilité de médiateur déjà fragile qui plus est, dans un contexte dit de pressions exercées sur Benyamin Netanyahu. Un échec personnel pour Joe Biden qui lègue à son ou sa successeur/re un Moyen-Orient plus éruptif qu’il ne l’anticipait. En outre, la mort de Hassan Nasrallah devrait annuler les pourparlers en faveur d’un cessez-le-feu au Liban, comme à Gaza.

Wuldath Mama

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