Art & Culture

« Dahomey » de Mati Diop : la culture comme vecteur de justice historique  

Pour un dialogue entre peuples sur la restitution du patrimoine culturel africain. Sorti mercredi dans les salles françaises, « Dahomey » de Mati Diop, auréolé de l’Ours d’or lors de la 74e édition de la Berlinale, ouvre une conversation entre peuples européens et africains, pour l’accélération et la généralisation d’un processus historique irréversible.

La sortie en France mercredi 11 septembre de Dahomey, filmé par la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop est l’occasion via le cinéma, d’initier un dialogue entre peuples sur la question de la restitution du patrimoine culturel africain au continent. Mais plus largement, sur les contextes historique et politique ainsi que les narratifs qui ont permis, perpétué et légitimé ces spoliations. Il s’agit, en d’autres termes, de catalyser une conversation sur l’esclavage, la colonisation puis de néocolonialisme. L’opportunité de dessaisir le politique de ces questions pour qu’elles soient réappropriées par la base sociale afin d’être ensuite mieux portées par une classe politique, non plus hors sol, mais portée, guidée et contrainte dans ses positionnements et actions par le regard et l’attention d’un public concerné, averti. En cela, le film de Mati Diop rappelle une des vocations du cinéma, et plus largement de la culture, celle d’ouvrir des conversations difficiles, de dévoiler, imaginer de nouveaux angles, de dépassionner et réhumaniser des problématiques sinon éruptives.

Mati Diop recevant l’Ours d’or en avril 2024

À la fois documentaire et fiction, le long-métrage de Mati Diop se situe à la croisée des genres pour mieux concilier les enjeux de la restitution en novembre 2021 au Bénin de 26 œuvres appartenant au Trésor royal d’Abomey, pillées par les troupes coloniales du général Dodds en 1892. En prêtant une voix aux statues, en insérant les débats de la jeunesse estudiantine béninoise sur la thématique du recouvrement de son patrimoine culturel, ce parti pris artistique présente également l’avantage de restituer les dimensions symbolique et politique d’un mouvement qui est appelé à prendre de l’ampleur au cours des prochaines décennies, étoffant les tensions autour des enjeux de souveraineté entre les États africains d’une part, et anciennes puissances coloniales de l’autre.

Wuldath Mama

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