En difficultés financières, Aliko Dangote cède des parts de sa méga-raffinerie. Nouveau venu dans le secteur de l’or noir, Dangote impute ses déboires à la « mafia du pétrole ». Mais il dénonce également les conflits avec le nouveau régime de Bola Tinubu, soutien des multinationales pétrolières.
Du temps de Muhammadu Buhari, l’entrepreneur à succès Aliko Dangote jouissait des faveurs du pouvoir. Mais voilà, l’arrivée de Bola Tinubu, investi à la tête du Nigéria en mai 2023, soit quelques semaines après l’inauguration de sa raffinerie, a ouvert une nouvelle ère, sous des auspices bien moins favorables au milliardaire. Alors qu’il ambitionnait de mettre fin à la malédiction du pétrole en transformant localement le brut Nigérian, Aliko Dangote s’est heurté à un mur de réalités hostiles. D’abord, les agences de régulation nigérianes auxquelles le groupe Dangote reproche de manquer à leurs obligations en n’agissant pas suffisamment sur l’offre de brut locale où les producteurs préfèrent céder leur pétrole à des négociants internationaux. Ensuite, les multinationales pétrolières.
Rebaptisées « mafia du pétrole » par un Aliko Dangote ému aux larmes sur un plateau de télévision, les grands groupes pétroliers mènent une guerre féroce à Dangote Industries Limited (DIL) en gonflant artificiellement les prix du brut local. Résultat : par pénurie et inflation, le groupe est contraint d’importer la matière première d’autres pays comme les États-Unis et le Brésil pour fonctionner.
Dangote Industries Limited cède 12,75 % de ses parts
Par souci de rationalisation des coût, DIL a engagé des négociations pour s’approvisionner en brut de Libye, d’Angola et d’autres pays producteurs de pétrole sur le continent africain.
Toutefois, les difficultés contraignent l’industriel à accompagner ce pivot de la vente de parts de sa méga-raffinerie de Lekki. Cette cession intervient alors que le groupe fait face à l’arrivée, le 31 août prochain, de l’échéance d’une dette majeure du groupe. L’absence d’un plan de refinancement de cette dette, a même valu à DIL, la dégradation de sa note de crédit de de AA à B+ par l’agence américaine Fitch Ratings. Si la vente de 12,75 % des parts de la raffinerie devrait permettre à DIL de rembourser sa dette, la notation de l’agence reflète des doutes sur la capacité du groupe à le faire avant échéance.
Ces parts étaient initialement destinées à la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), qui avait acquis une participation de 7,25 % dans le groupe en 2021 pour 1 milliard de dollars, avec une option d’achat de 12,75 % de parts avant juin 2024. La NNPC ayant renoncé à sa priorité, le groupe Dangote a, à présent, la liberté de les céder à un autre acheteur.
Outre ses difficultés d’approvisionnement, DIL subit également les conséquences de la dévaluation du naira. Causée par la fin du régime de change fixe décidé par la Banque centrale nigériane depuis juin 2023, elle aggrave les problèmes de liquidités du groupe entre le remboursement d’une dette libellée en dollars d’une part, et des recettes engrangées en monnaie locale de l’autre. Ainsi, l’entreprise a essuyé une perte de change de plus d’1.7 milliards de USD en 2023.
Teria News