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Togo : Faure Gnassingbé, Président ad vitam aeternam du Conseil des ministres ?

Une nouvelle Constitution pour une nouvelle « jeunesse » à la tête du Togo. Lundi 6 mai, Faure Gnassingbé a promulgué une nouvelle Loi fondamentale. Après la razzia de son parti UNIR aux élections législatives et régionales, le président togolais peut désormais s’offrir un mandat illimité comme Président du Conseil des ministres.

Un coup d’État perpétré avec la complicité de la communauté internationale ? C’est en tous cas le constat amer d’opposants et activistes togolais. À l’instar de Farida Bemba Nabourema, fondatrice du mouvement #FaureMustGo, ces derniers accusent : « Les institutions internationales, en particulier l’Union africaine et la CEDEAO n’ont même pas envoyé leurs observateurs dans 1% des bureaux de vote au Togo. Pourtant, ce sont eux qui ont affirmé que la mascarade politique que le dictateur FEGnassingbé a organisé était libre et juste. Ils ont déployé moins de 100 observateurs. Voilà comment les dictateurs restent au pouvoir. ».

Toujours à l’endroit de la CEDEAO, il est reproché à cette dernière d’avoir, en avalisant le double scrutin législatif et régional tenu le 29 avril dernier, violé ses propres textes. En effet, alors que le Protocole additionnel sur la Démocratie et la bonne gouvernance de 2001, sur lequel l’institution s’appuie pour sanctionner les régimes putschistes, proscrit toute modification de la loi fondamentale dans un délai de 6 mois avant une élection, le Togo qui contrevient à cette disposition n’a fait l’objet d’aucune sanction ou réprobation de la part de l’institution sous-régionale. Cet énième « deux poids, deux mesures » dans le positionnement de la CEDEAO a cette fois été accueilli avec une relative indifférence par les opinions publiques Ouest-africaines. Le signe d’une lassitude profonde à l’égard de l’organisation dont les peuples, semble-t-il, n’attendent plus rien.

Nouvelle Constitution pour une nouvelle Assemblée

Votée le 19 avril dernier par une Assemblée nationale composée d’élus dont le mandat a expiré en janvier, la nouvelle Constitution togolaise consacre le passage d’un régime semi-présidentiel à un régime parlementaire. En vertu du texte, le prochain président du Togo ne sera plus élu au suffrage universel direct, mais par les députés et sénateurs, sans débat. Vidée de ses prérogatives, la fonction présidentielle n’aura qu’une portée honorifique et protocolaire, le véritable pouvoir revenant au Président du Conseil des ministres. Sorte de super Premier ministre, ce dernier est automatiquement désigné par la nouvelle loi fondamentale comme le chef du parti majoritaire à l’Assemblée nationale. Une place qui revient de facto à Faure Gnassingbé en sa qualité de président du parti UNIR lequel vient de remporter 108 députés sur 113 selon les résultats compilés lundi par la commission électorale.

Bourrages d’urnes, discrédit de la liste électorale, l’opposition dénonce un scrutin frauduleux. Mais, en l’absence de soutien communautaire et international, sa voix trouve peu d’écho hors des frontières du Togo.

Pourquoi les Africains détestent la démocratie

Les manœuvres du régime togolais sont l’illustration parfaite de la réception tronquée de la démocratie libérale en Afrique. Les développements de ces dernières semaines sont un cas d’école expliquant la défiance des peuples à l’égard de ce modèle de gouvernance. En cause : son travestissement par des élites déterminées à se maintenir au pouvoir et la complicité sourde de la communauté internationale. Dans le cas du Togo : aucune condamnation de la France, parrain historique de la dynastie Gnassingbé ou des États-Unis vis-à-vis desquels Lomé a renforcé son alignement diplomatique ces dernières années. Ce double ressort verrouille des systèmes en réalité autocratiques, mais légitimés par des scrutins sans crédibilité. Il produit des ersatz d’une démocratie qui devient, à tort, la cible de toutes les frustrations populaires. Peu d’exemples la rachètent aux yeux des peuples, alors vulnérables à toute offre de changement, quitte à passer par la case des coups d’État.  

L’alternance démocratique au Sénégal, portée par une mobilisation de longue haleine du peuple sénégalais qui n’a ménagé aucun effort au prix du sacrifice ultime de plusieurs centaines de jeunes reste un contre-exemple. Dans un contexte de perte de confiance populaire dans la classe politique, la percée d’un parti à la plateforme politique aussi ancrée (panafricaniste, de gauche, souverainiste) que le Pastef, offre une lueur d’espoir dans l’adaptabilité de la Démocratie au continent africain et en sa capacité à générer le changement tant attendu par les peuples.

Teria News

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