Après plusieurs jours d’émeutes urbaines, plus de 16 morts et des centaines de blessés, Macky Sall annonce qu’il s’adressera à la nation. Dos au mur, le président sénégalais temporise en renvoyant son discours au 25 juin. Soit, après le « Dialogue national », d’ores et déjà annoncé comme un « dialogue de sourds ».
Attendu sur les émeutes meurtrières qui ont endeuillé plus de 16 familles entre les 1er et 4 juin, dans la foulée de la condamnation du chef de l’opposition et sur la question du troisième mandat qu’il continue d’éluder, Macky Sall semble poursuivre sa stratégie d’évitement.
Lors du Conseil des ministres de mercredi, le président sénégalais a annoncé vouloir s’adresser à la nation. Si l’intention a pu, de prime abord, apparaitre comme un geste d’apaisement, la temporalité et l’objet de la démarche a refroidi les attentes des plus enthousiastes. En effet, alors que le Sénégal est secoué par une crise de confiance en ses institutions, auxquelles la jeunesse oppose une violence reflétant celle reçue par ses élites, Macky Sall choisit le 25 juin et la fin du « Dialogue national » initié le 31 mai dernier pour « partager les conclusions et donner les grandes orientations qui permettront la consolidation de notre modèle démocratique et républicain ».
« Dialogue national » ou Dialogue de sourds ?
Lors du Conseil des ministres tenu le 7 juin, Macky Sall a indiqué que « les propositions et recommandations définitives du travail des commissions doivent [lui] parvenir avant le 25 juin 2023, en vue de la mise en œuvre rapide des conclusions et décisions présidentielles issues du Dialogue national qu’il souhaite, encore une fois, inclusif, constructif et prospectif ».
Toutefois, le verdict de la Chambre criminelle de Dakar et les heurts meurtriers qui s’ensuivirent ont polarisé les positions des protagonistes de ce Dialogue, les membres de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi ayant, dès le 1er juin, appelé à la démission du président sénégalais. 16 morts plus tard et en l’absence de geste fort comme une clarification de Macky Sall sur les intentions en vue de 2024 ou la libération des détenus d’opinion, d’aucuns s’interrogent sur l’agenda de ce rendez-vous transpartisan. Un véritable « Dialogue national » républicain ou une opération de relations publiques devenu dialogue de sourds ?
Teria News