Proche de Vladimir Poutine, Evgueni Prigojine reconnait des « ingérences » dans les élections américaines. Alors que la campagne des Midterms battait son plein, le patron de Wagner a joué au voleur qui prévient avant de cambrioler une maison. Mais dans quel but ?
Le sulfureux patron du groupe paramilitaire Wagner est réputé appartenir au premier cercle du président russe. Surnommé le « cuisinier de Poutine » en référence aux origines de sa fortune, Evgueni Prigojine est également connu pour ses usines à trolls, ou cellules de déstabilisation politique et géopolitique. L’oligarque est, par conséquent, devenu la bête noire des régimes démocratiques occidentaux qui voient en lui l’homme de l’ombre et le « tonton flingueur » de Vladimir Poutine.
« Nous nous sommes ingérés, nous le faisons et nous allons continuer de le faire. Avec précaution, précision, de façon chirurgicale, d’une manière qui nous est propre »
Evgueni Prigojine sur les réseaux sociaux de son entreprise Concord
Tonitruante, cette sortie est intervenue à la veille d’élections américaines de mi-mandat particulièrement sensibles. Le scrutin représente un test. Le premier de la résilience de la démocratie américaine, deux ans après le séisme provoqué par l’invasion du Capitole par des partisans de Donald Trump galvanisés par leur meneur.
L’administration américaine en état d’alerte
Après le scandale provoqué par les ingérences russes dans la présidentielle américaine de 2016 qui a porté au pouvoir Donald Trump, au détriment des espoirs démocrates alors incarnés par Hilary Clinton, et dans le contexte du regain de la rivalité géopolitique opposant les États-Unis à la Russie déclenché par le conflit russo-ukrainien, difficile de croire que l’Oncle Sam n’ait pas appris de ses erreurs passées. Loin d’être aussi vulnérable aux ingérences qu’en 2016 et après les évènements du 6 janvier 2020, Washington a, depuis lors, renforcé la sécurité autour des sites et données sensibles de son administration. De plus, la Maison Blanche ayant fait de la sauvegarde de la démocratie américaine un des principaux enjeux de ces Midterms, ilserait surprenant que le camp Biden se laisse déborder sur son flan Est.
S’exprimant un jour avant la traditionnelle grand-messe démocratique américaine de novembre, Evgueni Prigojine a joué au voleur qui prévient avant de cambrioler une maison. Mais dans quel but ?
Déstabiliser en semant le doute
« Celui qui parle ne fait pas et celui qui fait ne parle pas ». L’adage éclaire la stratégie de Evgueni Prigojine. Loin d’annoncer les intentions de l’oligarque, sa sortie s’apparence plutôt à un aveu d’impuissance.
Lâchées dans l’espace public à une période charnière de la nation américaine, ces paroles ont pu avoir pour effet de semer le doute dans l’opinion publique américaine. Dans l’optique, depuis confirmée, de résultats particulièrement serrés entre les camps démocrate et républicain et alors que plusieurs candidats, disciples de Donald Trump, ont annoncé leur intention de ne pas reconnaitre l’issue des urnes en cas de défaite, les déclarations de l’oligarque pourraient avoir pour objectif de les encourager à rejouer le scénario tragique de 2020.
Teria News