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Guerre en Ukraine : la stratégie de la Maison Blanche contestée en interne

Plusieurs parlementaires américains exhortent Joe Biden à « changer radicalement sa stratégie sur la guerre en Ukraine et à poursuivre des négociations directes avec la Russie ». Un tournant dans le conflit russo-ukrainien ?

Huit mois après le déclenchement du conflit russo-ukrainien, d’aucuns s’interrogent sur la façon de faire taire les armes à l’Est de l’Europe. Mais faudrait-il déjà que les belligérants, mais peut-être plus encore, leurs soutiens, soient disposés à mettre un terme à la guerre. Si les pays riches sont épargnés par la crise alimentaire qui frappe le Sud global, le poids de l’inflation sur leurs économies, en particulier le spectre des pénuries énergétiques à l’approche de l’hiver, accentue l’urgence d’une paix entre la Russie et l’Ukraine.

Le parti démocrate appelle à l’ouverture de négociations avec Moscou

40 milliards de dollars et une enveloppe de 11,2 milliards supplémentaires à Kiev, aux États-Unis, à quelques jours des midterms, le consensus bipartisan autour du soutien militaire américain à l’Ukraine se fragilise. Pourtant, le front uni présenté par Washington contre l’invasion russe avait créé un espace de sérénité pour Joe Biden. Espace d’autant plus précieux que le président américain a hérité d’une nation historiquement divisée sur ses valeurs, l’attachement à ses institutions et son identité collective.

Alors que certains parlementaires républicains commençaient à se désolidariser de la maison Blanche, cette semaine, la fronde est, à la surprise générale, venue de voix dissidentes au sein du parti démocrate, demandant à Joe Biden de « changer radicalement sa stratégie sur la guerre en Ukraine et à poursuivre des négociations directes avec la Russie » ainsi que d’« accompagner le soutien économique et militaire sans précédent que les États-Unis ont apporté à l’Ukraine d’une action diplomatique proactive et de redoubler d’efforts pour trouver un cadre réaliste pour un cessez-le-feu ». Dans une lettre rendue publique lundi, trente élus démocrates, parmi les plus progressistes de la Chambre des représentants, ont ainsi demandé au président américain l’ouverture de pourparlers de paix directs avec le Kremlin. En d’autres termes, ces élus s’inquiètent du potentiel rôle des États-Unis dans la poursuite du conflit.

« Étant donné les destructions causées par cette guerre en Ukraine et dans le monde, ainsi que le risque d’une escalade catastrophique, nous […] croyons qu’il est dans l’intérêt de l’Ukraine, des États-Unis et du monde d’éviter un conflit prolongé »

Selon le Washington Post, la missive a « déclenché de vives protestations de nombreux démocrates ainsi que de responsables ukrainiens, pour qui il est irréaliste de négocier avec le président russe Vladimir Poutine ». Mal assumée en pleine campagne pour les élections du 8 novembre prochain, la requête a aussitôt été retirée le lendemain, mardi 25 octobre.

Flou sur les objectifs de Moscou et Kiev

David pourrait-il vaincre Goliath ? Si les observateurs spéculent sur les ambitions de guerre de Vladimir Poutine, ils s’interrogent également sur les objectifs de Volodymyr Zelensky, galvanisé par les victoires successives enregistrées par son armée ces dernières semaines sur le terrain.

« À un moment, en fonction de l’évolution des choses et quand le peuple ukrainien et ses dirigeants l’auront décidé, dans les termes qu’ils auront décidé, la paix se bâtira avec l’autre, qui est l’ennemi d’aujourd’hui, autour d’une table ».

Emmanuel Macron, 23 octobre à Rome

Bien qu’elle se dise prête à accepter une médiation sous l’égide de la Turquie ou des Emirats arabes unis, la Russie ne montre aucun signe d’infléchissement. Aucune concession non plus de la part de l’Ukraine qui semble aujourd’hui en mesure de reconquérir ses pans de territoire perdus depuis le 26 février, jusqu’à même rêver de reprendre le contrôle de la Crimée, annexée par Moscou en 2014. Autant dire que les belligérants sont loin du point décisif de Clausewitz : « Quand la supériorité absolue n’est pas possible, vous devez rassembler vos ressources pour obtenir la supériorité relative au point décisif », indispensable au déclenchement de pourparlers de paix.

Teria News

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