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La rue burkinabè à la rescousse du capitaine Ibrahim Traoré

Menacé par des intérêts rivaux au sein de l’armée, comme par les appuis étrangers du colonel Damiba, le putsch du capitaine Ibrahim Traoré doit sa survie à la mobilisation populaire de ces dernières 24 heures. À 34 ans, la jeunesse burkinabè voit en lui la réincarnation de Thomas Sankara, mais son régime demeure en ballotage.

Vox populi,vox dei. Déferlant par vagues successives dans les grandes artères des principales villes du pays, les burkinabè ont, en 24 heures, fait barrage aux tentatives désespérées d’inverser le cours des évènements qui ont porté au pouvoir la jeune garde du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR). Du samedi 1er octobre à ce dimanche matin, marqué par la démission de Paul-Henri Sandaogo Damiba et la succincte sortie télévisée des putschistes, jeunes et moins jeunes du « pays des hommes intègres » ont constitué un bouclier humain contre l’alliance formée par la vieille garde de l’appareil sécuritaire burkinabè restée fidèle au chef déchu et une main invisible, décidée à réinstaller l’ancien homme fort du Faso.

« Touche pas à mon capitaine » ?

À l’instar du soulèvement populaire de 2014, une fois encore, les réseaux sociaux, vecteurs privilégiés d’informations, mais aussi d’infox, ont joué un rôle déterminant dans la réactivité des protestataires. Leur ébullition a par ailleurs démontré l’impopularité du pouvoir Damiba, désigné comme un pion au service de l’impérialisme français et du régime Compaoré. Ainsi, à peine le putsch consommé, circulaient déjà sur la toile des rumeurs selon lesquelles Paul-Henri Sandaogo Damiba, soutenu par la France, organiserait une contre-offensive à partir de Kamboinsin, base de la force spéciale française Sabre. Inaudible malgré ses démentis, l’ambassade de France et plusieurs symboles de la présence française au Burkina Faso ont, dans la foulée, été pris d’assaut par les manifestants pour qui, l’implication de Paris dans la riposte militaire du désormais « ancien régime » ne faisait aucun doute.

À peine revenu, le calme observé dans la capitale burkinabè pourrait toutefois être hypothéqué par les guerres de leadership qui traversent actuellement l’armée. En effet, seulement âgé de 34 ans, Ibrahim Traoré, le nouveau visage du MPSR, ne fait pas l’unanimité au sein des forces de sécurité, loin s’en faut, en particulier après de ses ainés. Pourtant, d’aucuns se souviennent que le capitaine Thomas Sankara, putschiste et père de la nation burkinabè avait le même âge lorsqu’il accéda au pouvoir par les armes. Le parallèle participe d’ores et déjà à la construction du mythe du jeune capitaine auprès de la jeunesse burkinabè. D’autant qu’en montrant peu d’appétit pour le poste de président de Transition, Ibrahim Traoré a marqué des points et engrangé un capital confiance non négligeable.

Un putsch toujours en voie de consolidation

Consciente de la précarité du nouvel ordre politique incarné par le jeune capitaine, la société civile burkinabè ne considère la démission de Paul-Henri Sandaogo Damiba et sa fuite dans la capitale togolaise, notamment suite à une médiation des faîtières des communautés religieuses et coutumières du pays, que comme une victoire d’étape, appelant à être consolidée dans les jours prochains par la vigilance populaire.

Pour les plus radicaux, le retour à la paix sociale passe également par la satisfaction d’un certain nombre de revendications dont : l’expulsion de l’ambassadeur de France au Burkina Faso Luc Hallade, le départ de la force Sabre du pays et la suspension des médias français RFI et France 24, accusés de se faire les caisses de résonnance du Quai d’Orsay.  

Occupant un certain vide causé par les tensions observées au sein de l’appareil sécuritaire, la société civile appelle à une opération « ville morte », avec la fermeture des services publics, l’ouverture restreinte des marchés de 5h00 à 12h00 mais surtout, un appel à la mobilisation place de la Révolution à Ouagadougou et place Tiefo Amoro à Bobo-Dioulasso lundi 3 octobre à 12 heures.

Teria News

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