Habituées aux mensonges du régime, les populations togolaises n’arrivent pas à croire à la menace terroriste. Pessimiste, l’activiste Farida Nabourema estime que l’absence d’État de droit est le principal facteur qui permettrait la montée terrorisme.
Avec un bilan de 8 morts et 13 blessés dans les rangs de l’armée, l’attaque du 11 mai est la première attaque terroriste meurtrière au Togo. Couplée aux récentes attaques essuyées par le Bénin, elles confirment que la menace terroriste se métastase au golfe de Guinée.
Analysant les facteurs qui favorisent l’extrémisme violent, l’activiste togolaise Farida Nabourema estime que l’État de droit serait la principale cause de la montée du terrorisme sur le territoire togolais. 50 ans de régime autoritaire des Gnassingbé ont consacré l’arbitraire et l’intimidation en principes de gouvernance : « La violence de ce régime a totalement érodé la confiance entre le peuple et les institutions étatiques », déclare Farida Nabourema.
L’activiste pointe également le népotisme comme principe qui régit le fonctionnement de l’armée. Les promotions y sont accordées par affinités tribales, familiales et un système sophistiqué de rançonnement a été instauré par les officiers supérieurs qui prélèvent une partie des salaires des soldats placés dans les institutions internationales comme l’ONU. À cela s’ajoute le sous-équipement des soldats, de plus affamés par les détournements des budgets alloués pour les nourrir.
Par ailleurs, la pauvreté extrême accroit le sentiment d’abandon des populations. Dans les régions du Nord, notamment des Savanes ou de la Kara, 60% des togolais vivent en dessous du seuil de pauvreté. Dans ces territoires, le réchauffement climatique réduit le rendement des sols et l’accès à l’eau y est particulièrement limité.
«L’État a instrumentalisé le discours du terrorisme contre son opposition [pour] justifier sa répression atroce. […] « Les populations n’arrivent même pas à croire que les terroristes sont à nos portes. […] Ils prennent toute information de cet État avec des pincettes parce que c’est un État qui n’a existé que dans le mensonge, dans l’abus, dans la manipulation.»
Farida Nabourema, activiste togolaise
Ce cocktail explosif rend les populations réceptives au narratif des groupes terroristes. Elles sont un terreau fertilisé par les faiblesses structurelles de l’État. Ces insuffisances forment une poudrière lesquelles, au contact du terrorisme, menacent de faire éclater l’apparence de cohésion nationale entretenue par les capitales. Ainsi, la menace terroriste arrache sans ménagement les caches misères qui servent à donner aux puissances publiques un semblant d’efficacité. L’extrémisme violent fait craquer le vernis.
Teria News