Fondé par Shaka Zoulou, l’Empire Zoulou est un des plus puissants empires d’Afrique australe. À son apogée, il recouvre 210 000 km². Suivez l’épopée du mythique Shaka Zoulou ou Shaka le Grand, comparé à Napoléon pour ses nombreuses conquêtes.
Désigné comme le Royaume Zoulou, l’Empire Zoulou ou le Zoulouland, ce territoire d’Afrique australe était bordé à l’ouest par l’océan indien, au nord par la rivière Pongola et au sud par la rivière Tugela. Plus généralement, l’Empire Zoulou se situait au nord-est de la province Sud-Africaine du KwaZulu-Natal.
Fondé par Shaka (ou Chaka) Zoulou, l’Empire atteint son apogée sous son règne mais voit sa suprématie renversée par les conflits successifs avec les Voortrekkers d’une part (en afrikaans des Blancs d’Afrique du Sud, originaires des régions néerlandophones d’Europe, d’Allemagne et de France) et la couronne Britannique dans les années 1970 d’autre part. À la suite de la guerre avec cette puissance coloniale, le Royaume est annexé à la colonie du Natal, elle-même rattachée à l’Union Sud-africaine en 1910.
Shaka Zoulou, fondateur de l’Empire Zoulou
Shaka Zoulou, figure guerrière emblématique de l’histoire Sud-africaine nait en 1787 d’une union illégitime entre Senza Ngakona, chef du clan Abatetwa (une fraction du peuple Ngouni) et sa mère, Nandi. Shaka n’est donc pas destiné au trône selon l’ordre de succession, ce qui ne l’empêche pas de le convoiter. Il assassine son demi-frère Sijuana, monté sur le trône à la mort de leur père et hérite du Royaume des Ngounis d’à peine 100 000 km², qu’il renommera Amazoulou (Amazoulou, « ceux du ciel », nom qui deviendra par la suite « Zoulou »).
Shaka Zoulou transforme radicalement son armée. Il invente de nouvelles armes, modernise les stratégies militaires et fait de son armée une véritable armée de métier et une redoutable machine de conquête qui comptera plus de 100 000 hommes à son apogée.
Plus qu’un vaillant guerrier, Shaka Zoulou est aussi un grand réformateur qui réorganise les structures sociale, culturelle et politique du Royaume. Shaka unifie un pouvoir morcelé par une mosaïque de chefferies et parvient à soumettre les chefs spirituels à l’autorité politique centrale. À son initiative, les populations vaincues et annexées au Royaume étaient assimilées et intégrées de façon égalitaire au fonctionnement de l’Empire. Cette politique d’unification qui s’appuyait notamment sur des promotions accordées selon un principe de méritocratie, permettait d’effacer les sentiments d’appartenance ethnique au profit d’un sentiment national.
Conquérant, Shaka Zoulou redessine la carte politique d’Afrique australe et repousse les frontières de l’Empire qui, à son apogée, recouvre 210 000 km². Par ailleurs, il résiste diplomatiquement, militairement et culturellement aux Blancs, notamment en refusant leur système d’écriture.
À la fin de son règne, Shaka devenu despote, s’aliène une partie de ses soutiens. Les exemples de ses crimes sont nombreux. Au retour d’une expédition, il fait massacrer tous les guerriers qui avaient reculé ou abandonné leurs armes, un évènement commémoré comme le jour dit du « massacre des couards ». À la mort de sa mère Nandi en 1827, Shaka fait exécuter plus de 7 000 personnes et pendant un an, interdit aux couples mariés de vivre ensemble et à tous de boire du lait.
Les exploits et la gloire de Shaka sont, selon une tradition orale, racontés dans de nombreux poèmes et ballades Zoulous. Ils sont également mis par écrit dans le roman « Chaka » de l’écrivain africain Thomas Mofolo (1877-1948).
Guerres de succession fratricides
Shaka meurt en 1828 dans des circonstances troubles, probablement assassiné par ses deux demi-frères, Dingane et Mhlangana. Ces derniers se retournent l’un contre l’autre et Dingane prenant le dessus, s’assoit sur le trône Zoulou. Il élimine toute la famille royale et n’épargne que Mpande, un demi-frère qu’il juge inoffensif, mais assassine tous les anciens proches de Shaka pour, après son corps, tuer l’ombre de ce dernier afin d’affermir son pouvoir.
Entré en conflit avec les Voortrekkers, l’armée de Dingane est vaincue le 16 décembre 1838 par les Blancs. Mpande scelle une alliance avec les ennemis de son demi-frère et prend la tête du Zoulouland après l’assassinat de Dingane. En 1843 éclate une guerre civile, Mpande se retournant contre des membres de son peuple accusés de trahison. Le trône étant convoité par ses deux fils Cetshwayo et Mbuyazi, ils se livrent une lutte intestine jusqu’à ce que Mbuyazi tombe sur le champ de bataille en 1856.
Guerre anglo-zouloue, déclin de l’Empire Zoulou
Le 11 décembre 1878, le gouverneur de la Colonie du Cap adresse un ultimatum insultant à Cetshwayo qui lui répond par un silence dédaigneux. Un mois plus tard, sans l’aval de ses supérieurs, le gouverneur envahi le Royaume Zoulou. Cetshwayo mène alors une remarquable résistance, principalement signée par la mythique bataille d’Isandhlwana du 22 janvier 1879. Mais les Britanniques reprennent le dessus et vaincront les Zoulous à Ulundi le 4 juillet 1879.
Suite à leur victoire, les Britanniques confient le pouvoir à 13 rois dont ils s’assurent la soumission. Capturé, Cetshwayo est présenté à la reine Victoria avant de rentrer au Zoulouland où il est investi sur une portion congrue de son ancien territoire en 1883. Il meurt une année plus tard, après avoir été attaqué par un des rois placés par les Britanniques. Dinuzulu, son fils alors âgé de 15 ans, lui succède. Le roi s’allie aux Boers rassemblés au sein d’une troupe nommée les « volontaires de Dinuzulu » (qui enrôla Louis Botha) contre les Britanniques. Ces derniers sont défaits près du mont Tshaneni, le 5 juin 1884. Mais Dinuzulu paie très cher cette alliance. En effet, en contrepartie de leur soutien, il cède aux Boers une vaste portion du Zoulouland et leur accorde un protectorat sur un autre pan de son territoire.
Entré à nouveau en conflit avec les Britanniques, ces derniers l’arrêtent et le condamnent à 10 ans de banissement sur l’île Sainte-Hélène. Devenu Premier ministre de l’Union Sud-africaine, son ancien allié Louis Botha obtient des Britanniques que Dinuzulu soit transféré au Transvaal (région située dans le nord-est de l’Afrique du Sud). Son fils, Solomon lui succède. Il ne sera jamais reconnu roi des Zoulous par les Blancs. Le titre est reconnu au petit-fils de Dinuzulu, Cyprian Bhekuzulu par l’État Sud-africain en 1951 ce qui soumet le pouvoir royal à l’autorité étatique. Parodie de province autonome, le bantoustan KwaZulu est créé par le régime de l’apartheid en 1970.
Le peuple Zoulou reste profondément ancré dans ses traditions. Aujourd’hui encore, le roi Zoulou conserve une influence significative sur ses sujets, ethnie majoritaire d’Afrique du Sud, à certains égards même supérieure à celle de l’État.
Teria News