« Mansa Moussa a inondé le Caire de sa générosité », raconte l’historien égyptien Al Omari. Voici l’histoire de l’homme le plus riche de tous les temps (magazine Time), souverain de l’Empire du Mali, deuxième plus grand empire au monde derrière l’Empire mongol.
La première fois qu’il monte sur le trône du glorieux Empire du Mali (1240-1645), le plus grand et le plus riche empire jamais vu en Afrique, Kankou Moussa le fait pour assurer l’intérim du pouvoir pendant que son grand frère, Aboubakari II, étanchait sa soif de nouveaux horizons, au-delà des rives Ouest-africaines de l’océan Atlantique. Mais nous le savons déjà, « l’Empereur explorateur » ne revint jamais. En 1312, Kankou Moussa ou « Seigneur des mines » devint donc pleinement Mansa, le neuvième de l’épopée mandingue.
L’homme le plus riche de l’Histoire
« C’était un jeune homme avec une peau brune, un visage agréable et une belle silhouette… Ses dons étonnaient l’œil par leur beauté et leur splendeur. »
Al-Maqrîziy, historien Egyptien
Mansa Kankou Moussa est surtout connu pour son immense fortune. Le magazine Time l’a consacré homme le plus riche que la terre ait jamais porté. Alors que le Time s’en est abstenu, le site Celebrity Net Worth s’est aventuré à calculer sa fortune, estimée à 400 000 000 000 de dollars, soit quatre fois celle du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, et six fois celle de Bill Gates, fondateur de Microsoft. Ces chiffres révèlent que l’Empire du Mali était l’entité politique la plus riche du monde pendant une bonne partie du Moyen-Âge.
Plus versé dans la foi musulmane que son ainé, en 1924, Mansa Moussa entreprit un pèlerinage à La Mecque qui modifia durablement le cours de l’or après son passage, tant le souverain se montra généreux. Sa valeur chuta de 20%. L’Empereur s’entoura de pas moins de 100 chameaux, chacun chargé de 500 livres d’or, 500 serviteurs, portant 5 livres d’or chacun, d’une suite composée de milliers de sujets et de sa Grande épouse royale, elle-même accompagnée de ses 500 serviteurs. Mansa Moussa distribua l’or au point d’épuiser ses provisions. Le souverain dut emprunter de quoi rentrer au Mali. « Mansa Moussa a inondé le Caire de sa générosité », raconte l’historien égyptien Al Omari. Ce n’est que 12 ans après son départ que le cours de l’or se stabilisa à nouveau.
Mais de l’orient, subjugué par le faste déployé, la rumeur des richesses des souverains subsahariens atteint l’occident où elle attisa les convoitises…
Fondateur de la plus vieille université du monde
Conquérant, Mansa Kankou Moussa repoussa encore les limites de l’Empire du Mali, dont les frontières ont été conquises et stabilisées par son aïeul, Soundjata Keita, en incorporant notamment les cités de Gao et Tombouctou. Avec le général Saran Mandian à la tête de l’armée mandingue, Mansa Moussa put doubler son territoire et faire du Mali le deuxième plus grand empire au monde derrière l’Empire mongol. Divisé en provinces administrées par des gouverneurs (farba), l’Empire s’étendait jusqu’à la Gambie et au sud du Sénégal à l’ouest, au Sahara Occidental au nord, à Gao sur le fleuve Niger à l’est et à la région de Buré au sud. « Ainsi furent posées les bases d’une civilisation urbaine. À l’apogée de sa puissance, le Mali comptait au moins 400 villes, et l’intérieur du delta du Niger était très densément peuplé », indique l’historien de l’art Sergio Domian.
Empereur bâtisseur, Mansa Moussa finança la construction de plusieurs mosquées et madrasas à Gao et Tombouctou, dont la « grande mosquée » ou mosquée de Djinguereber. Il construisit également une majestueuse salle d’audience à Niani, capitale de l’Empire. Mansa Kankou Moussa consolida les relations commerciales de l’Empire avec ses partenaires et l’ouvrit à d’autres horizons. L’Empire échangeait sel, or, cuivre et ivoire. Apprenant la prospérité de Tombouctou, devenu un hub commercial régional, les marchands de Venise, Grenade ou Gênes s’intéressèrent à la cité mandingue en vue d’y troquer des produits manufacturés contre de l’or.
Sur le plan culturel, l’Empereur fut le mécène de nombreux artistes. Ainsi, au cours de son règne, le Mansa permit une importante production littéraire et intellectuelle, surpassant celle d’Afrique du nord. Il posa alors des bases de l’inauguration de l’Université de Sankoré, la première au monde.
Mansa Kankou Moussa meurt en 1337, à 57 ans. Son fils Mansa Maghan I, qui avait déjà assuré l’intérim pendant le pélerinage de son père, lui succéda sur le trône. Son oncle, Mansa Sulayman, (frère de Mansa Moussa) prit ensuite le pouvoir. Le règne de Mansa Moussa signe l’apogée de l’Empire mandingue lequel après lui, entame une phase de déclin jusqu’à l’arrivée des Européens. L’Empire fut notamment attaqué par les Touaregs et par le royaume Songhai qui conquit la majorité de l’Empire mandingue.
Teria News