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Guinée : les civils grincent des dents contre le CNRD

Après le limogeage de la garde des Sceaux, la lune de miel entre civils et militaires du CNRD est terminée. Malgré ses promesses de respecter la « séparation des pouvoirs », le président de la transition, Mamady Doumbouya garde la mainmise sur la transition. Le mariage va-t-il finir par voler en éclats ?

Malgré les gages de collaboration donnés aux forces vives de la nation guinéenne et à l’opinion publique, les militaires du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) concentrent le pouvoir, noyauté par le président de la transition, Mamady Doumbouya et son secrétaire général, le colonel Amara Camara. « Parole, parole, parole », sont tentés de chanter les membres du gouvernement civil, caution participative et inclusive d’un pouvoir centralisé par les militaires.

Limogeage de la garde des Sceaux

Pour avoir osé s’opposer aux méthodes de la présidence, laquelle n’a pas jugé nécessaire de la consulter avant de convoquer les magistrats pour leur présenter la « politique pénale de la transition », Fatoumata Yarie Soumah, désormais ancienne garde des Sceaux, a été remerciée. Un tel dossier « ne se discute pas entre le président de la Transition et le personnel de la Justice » […] mais entre le président de la Transition, le Premier ministre et le ministre de la Justice ». Son portefeuille, le ministère de la Justice et des Droits de l’Homme a été confié à Moriba Alain Koné lors d’une passation de pouvoir tenue lundi 3 janvier.

Le limogeage de la garde des Sceaux est le dernier chapitre d’une liste de dysfonctionnements entre civils et militaires qui jette le discrédit sur les intentions de Mamady Doumbouya, renforçant les accusations d’ «autoritarisme mineur» lancées par ses détracteurs. D’autant que trois mois après l’adoption de la Charte de Transition et quatre mois après le coup d’État qui a délogé Alpha Condé, la nomination des 81 Conseillers nationaux du Conseil National de Transition (CNT) comme la fixation de la durée de cette dernière se font toujours attendre, la feuille de route de transition déclinée par le Premier ministre le 28 décembre dernier ayant fait l’impasse sur l’échéancier dont l’absence devient difficile à justifier.

Avant Fatoumata Yarie Soumah, c’est Mohamed Béavogui qui a essuyé un camouflet de la part de la présidence guinéenne. Lors du 60e sommet ordinaire des Chefs d’État et de Gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Premier ministre avait annoncé l’installation du CNT avant la fin de l’année 2021, avant d’être rabroué quelques heures plus tard par un communiqué du CNRD. Mohamed Béavogui se serait-il exprimé de son propre chef ou s’agit-il d’un rétropédalage des militaires ? Difficile de croire que le Premier ministre ait avancé une date aux chefs d’État de la CEDEAO sans avoir au préalable consulté Mamady Doumbouya. Lui a-t-on servi une contre-vérité? Le signe que Mohamed Béavogui qui, a par ailleurs découvert en même temps que les guinéens le nouveau nom de l’aéroport international de Conakry, rebaptisé Aéroport Ahmed Sékou Touré et son CV prestigieux ne sont que des cautions internationales.

En outre, une centaine de partis politiques se sont rassemblés lundi au sein du « Collectif des partis politiques » (CPP) pour former un « cadre de dialogue » avec le CNRD, selon Cellou Dalein Diallo. « Nous allons lui déposer un mémo qui comportera la position qui est la nôtre par rapport aux grandes lignes de la Constitution, au code électoral, à l’organe de gestion des élections, au chronogramme et à la durée de la transition ainsi que sur le fichier [électoral] », précise le président de l’UFDG qui ajoute : « ça sera des propositions de ce collectif qu’on défendra autour de la table de négociation si jamais le CNRD accepte de le créer, parce que nous avons besoin d’avoir un cadre de dialogue pour essayer d’aplanir autour de la table nos divergences ». L’objectif officieux du CPP est de faire contre-poids au CNRD et de tenter d’influencer, à défaut de pouvoir prendre en mains une transition qui s’annonce déjà incertaine.

Teria News

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