Toujours pas de calendrier fixant la durée de la Transition en Guinée. Un pied de nez à la CEDEAO qui exigeait un délai de six mois. Toutefois, les réactions de la classe politique sont globalement positives après la publication de la Charte de Transition. Une forme de consensus politique ?
De l’Alliance Nationale pour l’Alternance Démocratique (ANAD) au Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), la Charte de la Transition publiée lundi par le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) est positivement accueillie par la classe politique et la société civile Guinéennes. La Transition s’articulera autour de quatre organes : le CNRD ; le Président de la transition, probablement Mamady Doumbouya, qui cumulera les fonctions de chef d’Etat, chef des forces armées et chef du CNRD ; un gouvernement dirigé par un Premier ministre civil ; enfin, un Conseil National de Transition (CNT) qui fera office d’organe législatif. Au cours de la Transition, sera élaborée une nouvelle Constitution, adoptée par référendum et seront organisées des élections nationales et locales. La Charte exclut de ces scrutins, les membres des organes de Transition et ceux du régime d’Alpha Condé.
Un premier pas dans la bonne direction
« Pour moi, la Charte de la Transition telle que présentée est un pas de plus vers la bonne direction. Cela d’autant plus que ses sources sont la constitution de 2010, la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance et le Protocole additionnel de la CEDEAO. En un mot, le contenu et la démarche conduisent vers l’amorce du dialogue et de la concertation. Toutes choses dont la Guinée a besoin pour jeter les bases d’une démocratie véritable. Il nous faut faire en sorte qu’elle ne soit pas juste du papier afin que la loi soit le guide des dirigeants pour tous les actes à poser. », a estimé Alpha Oumar Taran Diallo, président de l’alliance démocratique pour le renouveau.
« Je pense que c’est déjà un grand premier pas vers la lisibilité. Car, tout était obscur jusqu’à maintenant. De cette Charte, nous comprenons que les nouvelles autorités veulent organiser toutes les élections pendant la Transition pour permettre au futur Président élu de s’occuper prioritairement du développement. Le fait aussi que le futur Premier ministre soit une personne de conviction, compétente et d’une probité morale avérée est une bonne chose et nous souhaitons que ce poste soit ouvert à tous les Guinéens capables d’aider le Président sur les questions économiques, politiques et de réconciliation, en bon copilote dynamique. », a pour sa part jugé Kéamou Bogola Haba, secrétaire exécutif de l’Union Nationale pour l’Alternance et la Démocratie (UNAD). « Le message envoyé aux promoteurs du troisième mandat illégal et illégitime du régime déchu est également un bon signe pour éviter la répétition des comportements antirépublicains de ce genre. Par rapport à la durée, la Charte donne une grande responsabilité aux forces vives de la nation et je pense que le dépouillement des mémorandums déposés par chaque organisation permettra de prendre la décision le plus rapidement que possible. », a-t-il ajouté.
Tout en saluant l’attachement de la Charte à la démocratie, Yaya Diallo, président du parti Guinée moderne, membre de l’alliance ANAD, regrette la grande absente, soit la durée de Transition. « On aurait souhaité plus de visibilité », s’est-il plaint. Cette omission est aussi un pied de nez à la CEDEAO laquelle exigeait une Transition de six mois, mais qui à cet égard ne déplait pas à la société civile guinéenne, lâchée par l’institution au temps où faisait rage la bataille contre le troisième mandat.
Plusieurs responsables politiques plaidaient pour une restauration de la Constitution de 2010, par souci d’économie de ressources, mais tous se sont résignés à l’idée de l’élaboration d’une nouvelle Loi fondamentale.
Teria News