Chronique

Chronique : L’Afrique a-t-elle besoin d’excuses pour aller de l’avant ?

Semaine de reconnaissance de crimes commis par les grandes puissances sur le continent. D’Emmanuel Macron au Rwanda qui demande le « don du pardon » pour la responsabilité française dans le génocide de 1994 à l’Allemagne qui, dans la foulée, présente des excuses pour le « génocide » perpétré en Namibie. Que doit-on penser de ces opérations de charme en tant qu’Africains ? L’Afrique a-t-elle besoin d’excuses pour aller de l’avant ?

Le contexte géopolitique est fortement marqué par la rude concurrence de plusieurs puissances en vue de sécuriser une large part du gâteau africain. Ces pays (« ex colons » pour la plupart), rivalisent de stratagèmes pour se voir octroyer des marchés colossaux sur le continent afin de rapatrier la majeure partie des dettes dont ils nous affublent. Des élans « messianiques » qui ne font que nous enfoncer davantage dans le labyrinthe de la dépendance.

Quoi de mieux que la capitalisation de la moitié pardonnée des fautes passées à travers la stratégie de reconnaissance tardive de ces ignominies afin de mieux revenir en grâces vis-à-vis d’Africains après tout si émotifs ?

Compter plus d’un milliard de potentiels consommateurs, la population la plus jeune de la planète, sans oublier la plupart des ressources minières au monde, ne sont pas des atouts à sous-estimer. L’infériorité de l’Afrique est le fruit de plusieurs siècles de manipulations psychologiques dont les descendants des responsables suprémacistes demeurent aux abois.

Si le Rwanda, laissé à son sort en 1994, a pu se hisser au rang de septième pays le mieux géré au monde au point que l’un de ses anciens pourfendeurs daigne vouloir l’amadouer avec un mea culpa intéressé et calculé; si la Namibie a reçu par Berlin la reconnaissance officielle du génocide perpétré par l’Allemagne sur les tribus Herero et Nama entre 1904 et 1908 c’est que l’Afrique intéresse. Notons le timing soigné de l’Allemagne, laquelle a choisi le lendemain des non-excuses de la France pour, vendredi 28 mai, parler pour la première fois de « génocide » sur le peuple Namibien. Quand Emmanuel Macron demande aux Rwandais le « don du pardon », le ministre allemand des affaires étrangères Heiko Maas lui, « demande pardon à la Namibie et aux descendants des victimes ». Si les responsabilités ne sont pas les mêmes, le contraste, destiné à mettre Berlin en valeur, n’en est pas moins calculé.

L’Afrique devrait dépasser la victimisation et les complexes de tous ordres afin de prendre conscience de son potentiel, avec comme sans excuses et requête de pardon.

L’Eveilleur de Conscience Panafricaine

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