Après le Ghana le 24 février dernier et la Côte d’Ivoire le 26, mardi 2 mars, Nigeria, Kenya, Angola et République démocratique du Congo (RDC) ont à leur tour reçu leurs premières doses de vaccins contre la COVID-19, financés par le dispositif Covax.
Le dispositif Covax est un programme d’aide à la vaccination aux « pays les moins avancés », dont 92 pays à revenu faible et intermédiaire. Covax est le fruit d’une collaboration entre une pluralité d’acteurs dont des Etats (G7, G20), des institutions telles que l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Unicef et des organisations comme l’Alliance mondiale pour les vaccins (Gavi). L’objectif est de faire parvenir des doses pour permettre à 20% de la population de 190 pays et territoires participants d’être vaccinée en 2021.
Deux milliards de doses d’ici le deuxième trimestre 2021
Covax a pour ambition de distribuer au moins un demi-milliard de doses au cours des deux premiers trimestres de 2021, puis jusqu’à deux milliards de doses. La cible privilégiée est le personnel de santé et les personnes les plus à risque.
Après les 600 000 doses du Ghana, la Côte d’Ivoire a reçu 504 000 doses du vaccin Astra Zeneca contre le Covid-19. Mardi, le Nigeria, le Kenya, l’Angola et la République démocratique du Congo ont à leur tour reçu leurs premières doses. Ils font partie des premiers pays à bénéficier des vaccins financés par le système Covax. Le Sénégal, le Rwanda, l’Ouganda et d’autres devraient suivre dans les jours prochains.
Le ministre ivoirien de la santé, Eugène Aka Aouélé, a indiqué que la première phase de la campagne ne concernait qu’Abidjan et son district qui sont « l’épicentre de l’épidémie au niveau du pays avec 95 % des cas positifs ». D’ici quelques temps, il est prévu que des dizaines de centres de vaccination ouvrent à Abidjan, pour assurer l’administration des 1,5 million de dose que la Côte d’Ivoire attend encore du dispositif Covax. Le pays devrait également en acheter une partie pour vacciner 70% de sa population, soit plus de 19 millions de personnes.
Kinshasa pour sa part a reçu les premières doses du vaccin Astra-Zeneca mardi 2 mars. Ce lot de 1,7 million de doses sera accompagné d’une deuxième livraison, afin de pouvoir vacciner 20% de la population.
De lourds défis logistiques et défiance vis-à-vis du vaccin
La préparation des pays entre aussi en ligne de compte pour l’ordre de distribution des vaccins. Elle implique notamment la formation du personnel de santé, la chaîne de froid et le mauvais état des routes.
Outre les exigences logistiques, les campagnes de vaccination en Afrique vont devoir surmonter les doutes des populations africaines. Les mois qui se sont écoulés depuis la polémique suscitée par les propos racistes de chercheurs français qui suggéraient, avec cynisme, d’utiliser les populations africaines comme cobayes, n’ont pas effacé cet affront scientifique et médiatique des esprits. De plus, le Covid-19 ayant fait relativement peu de morts sur le continent, beaucoup en Afrique doutent de l’existence du virus. Par ailleurs, la perte de légitimité des autorités politiques nationales et internationales comme l’OMS, dont la voix ne porte plus après les scandales qui ont émaillé sa gestion 2020 de la pandémie vient assombrir la perspective de l’adhésion des populations. Ceci sans évoquer la défiance ambiante vis-à-vis des vaccins et de l’industrie pharmaceutique.
Astra Zeneca vs Variants, un scandale en téléchargement ?
Le laboratoire Astra Zeneca, a été choisi par l’OMS dans le cadre du dispositif Covax. Avec un taux d’efficacité de 70%, ce vaccin britannique offre une « protection limitée contre les formes modérées de la maladie dues au variant sud-africain, chez les jeunes adultes », selon une étude de l’université du Witwatersrand à Johannesburg. L’Afrique du Sud, pays du continent le plus frappé par le Covid-19 a depuis fait don du million de doses commandées à l’Union africaine et opté pour le concurrent américain Johnson & Johnson.
L’OMS est depuis venue à la rescousse du vaccin d’Oxford. Toutefois, l’organisation a perdu toute crédibilité en 2020, l’année qui l’a révélée comme une mafia de blouses blanches composée de femmes et d’hommes vendus aux intérêts de ses bailleurs de fonds, dont Big Pharma (le cartel des laboratoires pharmaceutiques), certains Etats comme la Chine et des « philanthropes » tels que Bill Gates. Liquider les milliards de doses achetées à Astra Zeneca en va de leur santé économique, peu importe qu’elles soient d’une efficacité douteuse.
Face à l’OMS, la voix des autorités Sud-africaines apparaît plus crédible. En effet, alors qu’elles rendent directement compte à la population, si un scandale impliquant l’argent du contribuable venait à éclater, au regard de l’ampleur de la crise sanitaire nationale, cela se traduira par des soulèvements et une série de sanctions dans les urnes. Déjà aux abois, l’ANC risquerait de définitivement prendre l’eau.
Or, malgré le peu de données dont on dispose, il est raisonnable de considérer que le variant Sud-Africain et d’autres circulent déjà sur le continent et donc de douter de l’efficacité de ce vaccin.
Enjeu de puissance et complexe africain
Le paternalisme dont a fait preuve Emmanuel Macron lors du sommet du G7 avec son plaidoyer en faveur d’une augmentation de la contribution des pays membres dans le dispositif Covax et la menace d’un partenariat avec la Chine et la Russie le cas échéant, rappelle que l’Afrique est un terrain de lutte entre puissances, plus qu’un objet de compassion. Cette sortie rappelle l’hypocrisie des promesses de faire du vaccin un bien public universel, aussitôt jetées aux orties par les mêmes puissances, toutes plus engagées que les autres dans une égoïste course au vaccin au détriment des pays pauvres.
Enfin, la course aux vaccins sur le continent s’apparente aussi à un complexe. Pour faire figure d’Etats responsables, les pays africains veulent prouver qu’ils ont la capacité de décaisser les mêmes sommes que les pays riches. Un mimétisme destructeur et onéreux alors que la pharmacopée africaine offre bien d’alternatives au vaccin. Onéreux, oui, car l’histoire a montré que ce qui ne s’achète pas avec de l’argent s’avère coûter bien plus cher que le sonnant et trébuchant. Un scandale sanitaire oui, mais aussi une dette au montant indéfini et une invitation à l’ingérence.
Teria News