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Coronavirus : les États-Unis achètent le stock mondial de Remdesivir

Pendant les 3 prochains mois, aucun autre pays ne pourra acheter le médicament qui accélérerait le rétablissement des patients atteints de Covid-19. L’offensive du laboratoire Gilead, fabriquant du Remdesivir, contre la chloroquine, à coup d’études scientifiques porte des fruits indéniables. Or, les études en question ont depuis été discréditées et l’efficacité du Remdesivir est contestée.

Le 15 juin dernier, les autorités sanitaires américaines avaient retiré l’autorisation d’utiliser en urgence la chloroquine et l’hydroxychloroquine contre le Covid-19. Selon le journal The Guardian, les Etats-Unis ont acheté la quasi totalité des stocks de ce médicament, qui, selon certaines études, accélère le rétablissement des malades atteints du Covid-19. Le Remdesivir, premier médicament approuvé par les autorités sanitaires américaines pour traiter le Covid-19, est fabriqué par le laboratoire américain Gilead. Alors que les 140 000 premières doses fournies aux essais de médicaments dans le monde sont épuisées, les Etats-Unis font main basse sur plus de 500 000 doses, ce qui représente la quasi totalité de la production de Gilead pour le mois de juillet et 90% des mois d’août et de septembre.

« Le président Trump a conclu un accord incroyable pour garantir aux Américains l’accès à la première thérapie autorisée pour le Covid-19 », a déclaré le secrétaire américain à la Santé et aux Services sociaux, Alex Azar.

Dans une lettre ouverte publiée lundi, le PDG de Gilead, Daniel O’Day, indique avoir fixé « un prix de 390 dollars par flacon », en sachant qu’il faudra compter six doses pour la majorité des patients, le traitement coûtera donc 2 340 dollars. Ce prix est valable « dans tous les pays développés du monde », selon la lettre, qui précise que pour les pays moins riches, des partenariats avec des fabricants de génériques doivent permettre de le rendre plus accessible. Toutefois, ce prix fait grincer des dents jusque dans la communauté scientifique. Des spécialistes l’estiment en effet élevé. Une éditorialiste du Los Angeles Times, un journal californien, souligne que le développement du Remdesivir a bénéficié des fonds publics américains et que les autorités américaines soutiennent financièrement de nombreux essais. Une dizaine seraient actuellement en cours. L’ONG Public Citizen affirme que Gilead a reçu 70,5 millions de dollars du contribuable américain pour développer ce médicament. Comme un vaccin finira par être trouvé, Gilead est conscient de bénéficier d’une faible marge de manœuvre.

Le Remdesivir fait aussi son chemin en Europe. Le 25 juin, l’Agence européenne des médicaments a recommandé l’autorisation d’une « mise sur le marché conditionnelle » de l’antiviral au sein de l’Union européenne pour les patients atteints du Covid-19. Cette recommandation doit être approuvée par la Commission européenne cette semaine.

Initialement développé contre l’Hépatite C, puis sans résultats contre la fièvre hémorragique Ebola, le Remdesivir est la première thérapie à avoir démontré une certaine efficacité chez les patients hospitalisés pour le Covid-19 dans un essai clinique de grande ampleur, même si l’effet est considéré comme modeste. En effet, le médicament fait passer la durée de rétablissement des malades hospitalisés de 15 à 11 jours en moyenne et n’a pas prouvé son efficacité en termes de réduction de la mortalité.

La Chloroquine torpillée par le Remdesivir

Le 22 mai, la prestigieuse revue scientifique The Lancet avait publié une étude jugeant le traitement à base d’hydroxychloroquine inefficace, voire dangereux sur les patients atteints de Covid-19. La retentissante publication avait justifié l’abandon, dans la foulée, des essais cliniques avec la molécule par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), avant leur reprise le 3 juin. Mais peu à peu, des failles ont été révélées. Dans une lettre ouverte publiée le 28 mai, des dizaines de scientifiques à travers le monde ont estimé que l’étude soulève « à la fois des inquiétudes liées à la méthodologie et à l’intégrité des données ». Devant le tollé international, The Lancet a retiré son étude. Or, on retrouve des conflits d’intérêts entre auteurs de l’étude et le laboratoire Gilead. Une autre revue scientifique prestigieuse, « The New England Journal of Medicine », qui avait également publié une étude discréditant la chloroquine et ses dérivés avait été contrainte de la retirer devant ses faiblesses scientifiques.

Auditionné la semaine passée par une Commission d’enquête parlementaire française sur la gestion de la crise sanitaire de Covid-19, le professeur Didier Raoult, fervent défenseur de l’hydroxychloroquine, avait lancé des accusations de conflits d’intérêts. Selon lui, les attaques contre l’hydroxychloroquine en France seraient dues à des connivences entre les décideurs sanitaires et le laboratoire américain Gilead, promoteur du Remdesivir. « Je vous recommande de faire une véritable enquête sur Gilead et le Remdesivir a-t-il dit aux députés français. « Quand j’ai parlé pour la première fois de la chloroquine, j’ai été menacé à plusieurs reprises par celui qui a reçu le plus d’argent de Gilead depuis six ans », a-t-il révélé.

Teria News

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