C’est un coup de tonnerre dans le monde diplomatique, décidément marqué par les revirements d’alliance impulsés par l’administration Trump, laquelle, galvanisée par l’échéance du 20 janvier 2021, date d’investiture de Joe Biden, lègue un héritage que le Président élu aura du mal à renier.
Loin de relentir le rythme en se contentant de gérer les affaires courantes pendant cette période de transition, Donald Trump est bien décidé à mettre à profit le temps qu’il lui reste à la Maison blanche pour graver sa vision du monde dans l’histoire des États-Unis.
Loin de relentir le rythme en se contentant de gérer les affaires courantes pendant cette période de transition, Donald Trump est bien décidé à mettre à profit le temps qu’il lui reste à la Maison blanche pour graver sa vision du monde dans l’histoire des États-Unis.
Après les Emirats Arabes Unis et Bahreïn en septembre, puis le Soudan en octobre dernier, le Maroc devient le troisième pays arabe à normaliser ses relations avec Israël
Donald Trump en a fait l’annonce sur tweeter. « C’est une percée énorme pour la paix au Moyen-Orient », a écrit le Président américain. Pour sa part, le royaume chérifien a annoncé dans un communiqué du palais royal qu’il allait « reprendre des relations diplomatiques » avec Israël « dans les meilleurs délais ». « Au plus vite » a déclaré le premier ministre israélien Benjamin Natanyahu. De son côté, dans un communiqué publié jeudi, le Front Polisario a condamné « dans les termes les plus forts le fait que le Président américain sortant Donald Trump attribue au Maroc ce qui ne lui appartient pas ».
Un « deal » diplomatique
À l’instar de Tel-Aviv et Khartoum, où la dernière avait cédé aux États-Unis contre le retrait par l’administration Trump du Soudan de la liste des pays accusés de soutenir le terrorisme, l’apaisement des relations entre Israël et le Maroc est également le fruit d’une transaction.
« La proposition sérieuse, crédible et réaliste d’autonomie du Maroc est la seule base pour une solution juste visant à une paix durable et à la prospérité », a tweeté Donald Trump.
Israël et le Maroc avaient des bureaux de liaison dans leurs capitales respectives. Ils furent fermés au début des années 2000, lorsqu’a éclaté la seconde intifada dans les territoires palestiniens.
Un revers pour le Front Polisario, en conflit avec Rabat depuis 45 ans
Le Sahara occidental, au centre de la transaction, est une bande de terre désertique située entre le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie. Riche en phosphate et possédant un littoral de 1 100 kilomètres d’eaux poissonneuses, ce territoire est disputé par le Maroc et le Front Polisario qui le contrôlent à respectivement 80% et 20 %. Le Front Polisario, groupe rebelle, est soutenu militairement par l’Algérie et appuie sa lutte armée sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, consacré par la Charte des Nations unies. Il a ainsi proclamé en 1976 la « République arabe sahraouie démocratique » et réclame l’organisation d’un référendum d’autodétermination.
Depuis le cessez-le-feu de 1991 négocié sous l’égide de l’ONU, dont les Casques bleus sont présents (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental), s’est installé un statut quo brisé par le Front le 20 octobre.
Si les États-Unis ont rompu avec un consensus international, l’ONU a rappelé que sa position sur le Sahara occidental en faveur de l’organisation d’un référendum d’autodétermination n’a pas changé.
Les Palestiniens lâchés par leurs alliés arabes
Le ton rassurant du communiqué royal ne suffit pas à maquiller ce qui est perçu comme une trahison par les Palestiniens, dont la cause, sacrifiée sur l’autel de la réalpolitik, n’est aujourd’hui défendue que par une poignée de pays. Pilier du panarabisme, la relégation de la cause palestinienne au dernier rang des préoccupations de ses désormais ex-alliés sonne comme le chant du signe de ce mouvement, déjà sclérosé par maintes divisions internes.
Teria News