Espoir d’une transition vers un monde climato-responsable, le premier traité international visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre a-t-il tenu ses promesses ?
« C’est un petit marteau, mais je pense qu’il peut faire de grandes choses », déclarait Laurent Fabius, alors ministre français des affaires étrangères, lorsqu’il arrachait l’adoption par 195 pays de l’Accord de Paris. Les éruptions de joie qui s’en suivirent tiennent au fait que la planète était orpheline d’un texte encadrant les émissions carbone depuis le Protocole de Kyoto, échu en 2012. « Nous avons conclu un Accord qui change le monde, nous sommes convaincus que nous avons sauvé Tuvalu… et nous avons sauvé le monde », a déclaré le représentant des îles Tuvalu, un archipel du Pacifique sud.
Aujourd’hui ratifié par 188 pays, le traité a connu une ratification expresse le 4 novembre 2016. Il a pour objectif de limiter le réchauffement climatique « nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels » et de « poursuivre l’action menée » pour limiter la hausse à 1,5 °C. De plus, l’Accord ambitionne d’accroître tous les cinq ans les engagements de réduction des émissions. Le traité prévoit par ailleurs le versement d’une aide financière aux pays du Sud, principales victimes du réchauffement climatique.
Toutefois, bien que l’Accord soit juridiquement contraignants, il ne contient aucune disposition coercitive. Ainsi, il n’existe pas de mécanisme de sanction en cas de non-respect par les États partie de leurs engagements.
5 ans après, les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs
Malgré l’avancée qu’a constituée la signature de l’Accord de Paris, l’agenda climatique mondial a essuyé d’importants revers.
Après des débuts tonitruants, on ne peut évoquer aujourd’hui l’Accord de Paris sans regretter le départ des États-Unis, annoncé le 1er juin 2017 et effectif depuis le 4 novembre dernier. Certes, la promesse du Président élu, Joe Biden, du retour des États-Unis dans l’Accord sonne comme une consolation. Mais entre temps, la dynamique qui a présidé à la signature du traité en aura pris un sérieux coup.
En somme, depuis cinq ans, les États partie trainent clairement les pieds. En effet, les émissions de gaz à effet de serre augmentent de 1,5% en moyenne chaque année depuis dix ans (avec un pic en 2019 de 59,1 milliards de tonnes émis). Pis encore, les experts anticipent un réchauffement de +3 à +4° d’ici la fin du siècle. Pourtant, le rapport annuel du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) indique que pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5° d’ici 2100, il faudrait diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 7,6% par an tous les ans jusqu’en 2030. Un objectif qui semble irréaliste au regard des contre performances globales.
Ce 12 décembre 2020, s’est ouvert le sommet virtuel pour l’ambition climatique, organisé à l’initiative de l’ONU et présidé par la Grande-Bretagne (COP 26) et la France. Le Secrétaire général des Nations unies a à cette occasion appelé le monde à « déclarer l’état d’urgence climatique ». A l’image de ses homologues pressés par leurs sociétés civiles, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, annonce la fin des subventions directes des énergies fossiles à l’international aussitôt que possible. Le prochain grand rendez-vous climat qui devait se tenir en 2020, a été décalé en raison de la crise sanitaire. Il sera finalement organisé à Glasgow, en Écosse, fin 2021.
Faut-il rappeler que la question climatique est une urgence qui cache une injustice ? En effet, alors que la réduction des émissions de gaz à effet de serre est principalement l’affaire des pays développés, plus gros pollueurs du globe, l’ironie veut que ce soient les pays aux équilibres socioéconomiques les plus vulnérables, comme les pays africains, qui fassent en premier les frais du réchauffement climatique.
Teria News