Refus de visa pour les détenteurs de passeports AES. Alors que les autorités de l’Alliance affirment avoir accompli les démarches nécessaires, leurs ressortissants sont bloqués par certains pays européens, dont la France. En jeu : la reconnaissance internationale de l’Alliance des États du Sahel.
Les difficultés éprouvées par les citoyens de l’AES, détenteurs des passeports mis en circulation par l’Alliance, sont-elles le fait d’une simple période d’ajustement entre les chancelleries sahéliennes et occidentales ou le reflet des tensions géopolitiques qui entourent la création et la montée en puissance de l’AES ?
Depuis le 29 janvier 2025, date de la sortie officielle des pays de l’Alliance de la CEDEAO, un an jour pour jour après leur retrait de l’organisation, les passeports AES ont été mis en circulation. En marquant ainsi cet anniversaire, les États alliés ont enfoncé le clou face à une communauté déstabilisée par le schisme décidé par le Mali, le Burkina Faso et le Niger au carrefour de ses 50 ans d’existence.
Un acte fort donc sur le fond et sur la forme, dont le message, outre la CEDEAO, s’adressait également aux anciens partenaires des pays sahéliens comme un acte ultime d’émancipation de la tutelle néocoloniale exercée sur eux à travers la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest. La nature de ce message, rappelant aux pays concernés leur perte d’influence, pourrait expliquer les difficultés des premiers détenteurs du passeport AES à obtenir un visa de la part de certains pays occidentaux, dont la France. En effet, la délivrance d’un tel document acterait, de la part de ces chancelleries, la reconnaissance internationale de l’Alliance des États du Sahel, organisation d’intégration sous-régionale parallèle dont l’avènement n’a pas recueilli leur faveur.
Nouvel épisode d’un bras de fer diplomatique entre les pays sahéliens et certains États occidentaux, la question de la reconnaissance du passeport AES, et par conséquent, de l’existence juridique de l’Alliance pourrait se dénouer avec l’application du principe de réciprocité. Dans un monde globalisé aux systèmes interconnectés, le flux bilatéral des échanges entre pays rendra, à terme, nécessaire le déblocage de la situation des ressortissants AES, au risque de nuire aux citoyens et intérêts des pays concernés. Une carte que ne manquera sans doute pas de jouer l’Alliance pour contraindre les chancelleries récalcitrantes à normaliser leurs processus de délivrance de visas. En attendant, les autorités compétentes appellent leurs ressortissants à saisir leurs services pour toutes difficultés rencontrées.
Teria News