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« Criminel international » lance l’un, « raciste, héritier de l’apartheid » rétorque l’autre. Le clash entre Elon Musk, lobbyiste des sanctions de Donald Trump contre l’Afrique du Sud et Julius Malema, chef du parti EFF, enflamme la toile. En cause : l’expropriation des fermiers Blancs certes, mais aussi le soutien de Prétoria à Gaza et son appartenance aux BRICS.
Après les États-Unis où son soutien financier et médiatique (via son réseau X) à Donald Trump a contribué à la victoire de ce dernier en novembre 2024 et l’Europe où le patron de Tesla offre des tribunes aux thèses et groupes d’extrême droite comme l’AFD allemande, l’influence politique d’Elon Musk se fait désormais ressentir sur le continent africain. Le milliardaire, originaire d’Afrique du Sud, se fait le relai à la Maison Blanche des angoisses des syndicats de propriétaires Blancs craignant l’expropriation de leurs terres par le gouvernement. Les regards se tournent vers lui et son compatriote, également ancien partenaire au sein de PayPal, Peter Thiel, dans le dossier des sanctions prises par Donald Trump contre l’Afrique du Sud.
Il est reproché à Prétoria de maltraiter une « catégorie de personnes », soit la minorité Blanche, et au sein de celle-ci, l’oligarchie représentée par les propriétaires terriens, depuis la ratification par Cyril Ramaphosa d’une loi autorisant le gouvernement à procéder à des expropriations sans compensations. Alors que le texte, d’une portée extrêmement limitée, ne constitue qu’un léger pas vers la réforme agraire demandée par la jeunesse Noire à des fins de justice sociale et protège toujours les propriétaires terriens, son entrée en vigueur a allumé, au sein de cette communauté, les sirènes d’un élargissement du domaine de la loi et l’implémentation d’une réforme redoutée. En réaction à la promulgation de ce texte jugé discriminatoire, Donald Trump a décidé de sanctions contre l’Afrique du Sud.
Empoignade entre Elon Musk et Julius Malema
« Je pense vraiment que tu as perdu ton cerveau gauche. Tu es un enfant gâté par excellence et tu es le bénéficiaire direct de l’apartheid blanche. Je sais que les Noirs te semblent identiques, tu es un raciste par excellence. […] L’Amérique nous expose à sa stupidité. Je me fiche de tes sanctions ; je ne cesserai jamais de me battre pour que les Noirs soient égaux aux Blancs, et si cela fait de moi un criminel international, je suis fier de l’être. »
Julius Malema à Elon Musk sur X
Signe des enjeux « raciaux » de cette problématique économique, le conflit entre Washington et Prétoria se cristallise désormais dans l’affrontement verbal, sur les réseaux sociaux, entre Elon Musk et Julius Malema. Le chef du parti des Economic Freedom Fighters (EFF, Combattants pour la liberté économique) a dénoncé la main du patron de X dans le parti pris de Washington contre son pays. Il estime de plus, que ce lobbying trahit le racisme d’un enfant gâté de l’apartheid. Quand le premier évoque, à propos du second, un « criminel international », ce dernier estime qu’il a affaire à un « milliardaire maniaque international » qui se considère comme le chef suprême en l’exhortant lui et ses alliés à « aller en enfer ».
Les multiples affronts de l’Afrique du Sud à l’Amérique
Malgré l’influence certaine de Elon Musk sur le président des États-Unis, celle-ci ne saurait à elle seule expliquer l’antagonisme de la nouvelle administration américaine contre l’Afrique du Sud. Outre la loi sur l’expropriation sans compensations promulguée fin janvier par Cyril Ramaphosa, Washington montrait des signes d’irritation antérieurs à l’égard de Prétoria.
L’Afrique du Sud a en effet ouvertement défié les États-Unis en portant devant la Cour internationale de justice une plainte pour « génocide » contre Israël, prenant ainsi un leadership global sur la question de la violation des droits humains par Tel Aviv dans sa guerre contre le Hamas à Gaza. Washington reproche également aux autorités sud-africaines leur neutralité à l’Assemblée générale des Nations unies sur la guerre en Ukraine que Prétoria a refusé de condamner. Enfin, les relations économiques et commerciales privilégiées du pays avec la Russie et la Chine au sein des BRICS et l’adhésion de l’Afrique du Sud au projet de dédollarisation de l’économie mondiale achèvent de placer le pays de Cyril Ramaphosa et Julius Malema sur la liste des cibles de la Maison Blanche, comme s’opposant aux intérêts de l’Amérique et ses alliés.
« Mon travail consiste à promouvoir les intérêts nationaux de l’Amérique, et non à gaspiller l’argent des contribuables ou à encourager l’antiaméricanisme » en appuyant un forum qui soutient la lutte contre le « changement climatique » et les programmes « de diversité et d’inclusion », a déclaré Marco Rubio le 5 février. Suite aux condamnations de l’administration Trump, le secrétaire d’État américain a ainsi annoncé boycotter la réunion du G20 rassemblant les ministres des Affaires étrangères, les 20 et 21 février car sous présidence sud-africaine.
Teria News