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La RDC prépare une attaque « imminente et à grande échelle contre le Rwanda », affirme Kigali

« Nous allons bientôt marcher sur Kigali », affirme le général John Tshibangu de l’armée congolaise. Alors que le sommet commun entre la CAE et la SADC a manqué de réunir les dirigeants rwandais et congolais, Kigali affirme que Kinshasa prépare une attaque « imminente et à grande échelle contre le Rwanda ».

Les sommets s’enchaînent et épuisent les ressources de la diplomatie régionale autant que la foi des Congolais en sa capacité à résoudre de façon pérenne la crise sécuritaire à l’Est des frontières de la RDC. Echo de la lassitude des populations, les acteurs militaires et politiques évoquent désormais ouvertement l’éventualité d’un conflit armé direct, et non plus par proxy, entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo.

Deux déclarations, de part et d’autre de la frontière, pointent vers une évolution probable au conflit. Du côté congolais tout d’abord où le général John Tshibangu annonce la marche prochaine des forces armées congolaises sur le Rwanda. « Tant que les Rwandais n’ont pas encore subi de lourdes pertes, on ne va pas peser à l’international. Nous allons marcher sur Kigali, je vous le promets. », a-t-il récemment déclaré.

Vers un conflit ouvert entre la RDC et le Rwanda ?

Comment recevoir ces déclarations dans un contexte de tensions diplomatiques et sécuritaires ? S’agit-il pour Kinshasa de bander les muscles ou le signe d’une réelle volonté d’affronter militairement le Rwanda alors que plusieurs déclarations guerrières du président Tshisekedi à l’égard de Kigali n’ont jamais été suivies d’effet ? Ces dernières tendent à relativiser les récentes annonces comme visant davantage la dissuasion à l’égard du Rwanda et à rassurer la population congolaise. Il pourrait également s’agir de redorer l’image écornée d’un géant démographique et minier, fragilisé par une corruption endémique, et de son armée, humiliée par une simple milice.  

Toutefois, les récents propos de responsables militaires congolais sont corroborés par ceux de l’ambassadeur du Rwanda auprès des Nations unies à Genève, James Ngango qui affirme qu’une opération militaire congolaise contre le Rwanda est en préparation. « Ce qui est clair, cependant, c’est la menace imminente que la situation actuelle fait peser sur le Rwanda. Après la chute de Goma, de nouvelles preuves sont apparues concernant une attaque imminente et à grande échelle contre le Rwanda », a-t-il déclaré, ajoutant que Kinshasa et ses alliés avaient stocké des armes à l’intérieur et autour de l’aéroport de Goma.

Sommet conjoint CAE – SADC

« Nous sommes réunis pour appeler toutes les parties à mettre en place le cessez-le-feu et, plus particulièrement, le M23 à suspendre sa progression et l’armée congolaise à cesser ses opérations de représailles. C’est la seule façon de créer les conditions d’un dialogue constructif et d’un accord de paix. Notre présence ici souligne notre consensus sur le fait qu’il est temps d’agir. Il est clair que le conflit en RDC est complexe et implique de nombreux acteurs qui défendent des intérêts différents. Il y a aussi une dimension internationale clandestine dont les effets persistants, cyniques et destructeurs ne doivent pas être sous-estimés ou ignorés plus longtemps »

William Ruto, président du Kenya et de la CAE

Samedi, la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) se sont réunies à Dar es Salam. Les dirigeants des deux organisations ont appelé à la mise en place d’un « cessez-le-feu immédiat et inconditionnel » dans un délai de cinq jours. « Le sommet conjoint demande aux chefs des forces de défense de la CAE et de la SADC de se réunir dans les cinq jours et de fournir des directives techniques sur un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel et sur la cessation des hostilités », dit le communiqué conjoint.

Près de 3 000 personnes ont été tuées et 2 880 blessées dans l’est de la RDC depuis le 26 janvier et l’offensive du M23 sur Goma, selon l’ONU. Malgré que le groupe ait décrété un cessez-le-feu unilatéral le 3 février et déclaré ne pas vouloir marcher sur Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, le M23 avance pourtant bel et bien ses troupes dans la province où plusieurs localités, dont celle de Nyabibwe, sont déjà tombées entre ses mains.

Teria News

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