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RDC : les ambassades occidentales brulent à Kinshasa

France, États-Unis, Belgique, les ambassades occidentales sont incendiées à Kinshasa. Alors que les affrontements se poursuivent à Goma entre le M23, appuyé par des soldats rwandais, et force armées congolaises, les manifestants dénoncent l’hypocrisie des grandes puissances : entre condamnations de principe et partenariats stratégiques renforcés avec Kigali.

Que le Conseil de sécurité de l’ONU se soit réuni dimanche donnant lieu aux condamnations des diplomates représentant les grandes chancelleries occidentales, les Congolais n’en attendent rien. Désabusés par des années de rencontres, médiations, menaces, opérations de maintien de la paix, les initiatives multilatérales leur apparaissent désormais davantage répondre à un exercice rituel, « pour la forme », bien plus que le fond, en faisant les manifestations du cynisme de la « communauté internationale » face à la détresse humaine causée par la déstabilisation de l’est de la République démocratique du Congo par le Rwanda voisin.

L’agression ouverte de Kigali contre la RDC

Après avoir financé, au fil des ans, différents groupes armés, Kigali, dont les soldats se battent désormais officiellement aux côtés des combattants du M23, ne cache plus son soutien à la deuxième insurrection du groupe entamée en 2022. Une évolution qui confirme les conclusions d’un rapport rendu public en juillet 2024 par des experts onusiens qui affirmait que les forces armées rwandaises « contrôlent et dirigent de facto les opérations du M23, [ce qui] rend le Rwanda responsable des actions du M23 », actions qui, dans certains cas, « peuvent constituer des crimes de guerre », accuse par ailleurs le document. En dépit de l’amoncellement de preuves contre Kigali, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est, dimanche 26 janvier, contenté de demander le retrait des « forces extérieures », sans désigner explicitement Kigali.

Incendie d’un mur de l’ambassade de France

Comédie diplomatique et compétition pour les ressources

Timoré, l’appel de l’instance onusienne transpire la complicité coupable de chancelleries qui ont fait du Rwanda un allié stratégique. Sur le plan énergétique d’abord, le pillage par Kigali du sous-sol congolais leur garanti, à elles et leurs multinationales, un approvisionnement constant en métaux critiques, au cœur de la transition écologique et de la compétition globale autour de l’intelligence artificielle (IA). Ainsi, en février 2024, l’Union européenne a signé un accord sur les minerais avec le Rwanda alors que le pays ne possède aucune mine des métaux qu’elle exporte. « Quand vous achetez le produit d’un receleur, vous êtes vous-même coupable de vol », avait alors dénoncé Félix Tshisekedi. Mais au-delà de l’UE, les États-Unis sont considérés par plusieurs chercheurs et ONG comme les principaux sponsors du régime rwandais, pivot dans son positionnement de leader dans la compétition technologique.

Militairement ensuite, dans un monde post-interventionniste, le Rwanda comble le « vide » laissé par les retraits successifs des forces occidentales sur le continent africain. Kigali fait ainsi office de proxy à la France en République centrafricaine qu’elle a été contrainte de quitter en 2022 et combat, sous financement de l’Union européenne, l’insurrection djihadiste au Mozambique qui menace les gisements de gaz exploités par TotalEnergies.

En dépit des vagues de mobilisation contre le pillage de la RDC orchestré, à travers le Rwanda, par les grandes puissances, les différents « green deals » (feuilles de route en matière de lutte contre le réchauffement climatique) votés par le Nord et la course à l’IA, couvrent les perspectives de résolution de la crise congolaise. Seuls les efforts constants des populations locales, relayés par la diaspora dans le sens de la sensibilisation des peuples occidentaux au coût social payé par la RDC pour la transition énergétique du Nord, pourront contraindre les dirigeants à agir au-delà des mots. Ceci également, tant que le pays ne renouvellera pas sa classe politique, alliant l’impéritie à la corruption.

Teria News   

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