« Le Bénin est un partenaire essentiel en Afrique de l’Ouest », déclare le général de division Kenneth Ekman. Visite en ce début janvier d’une délégation politico-militaire américaine au Bénin. Après la perte du Niger et du Tchad, d’où les troupes américaines ont été contraintes de se retirer en 2024, le Bénin est devenu un partenaire de choix pour le commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM).
Depuis les changements de gouvernance survenus dans les pays sahéliens : le Mali, le Burkina Faso, mais plus particulièrement le Niger et le Tchad dont les contingents américains ont été contraints de se retirer au cours de l’année 2024 (respectivement en avril et septembre), les États-Unis se reportent leurs efforts et ressources sur les pays du golfe de Guinée. Parmi ces derniers, le Bénin, en vertu de sa proximité avec Niamey et N’Djamena, est l’objet d’une attention accrue de la part de Washington. En mai 2024 déjà, le général Michael Langley, chef du commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM) effectuait une visite de 48 heures dans le pays.
Selon des informations du Wall Street Journal, divulguées il y a un an, le commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM) chercherait notamment à y implanter une base de drones. Si aucune information n’a, à cet égard, été communiquée sur l’état des négociations avec les autorités locales, AFRICOM a, d’ores et déjà, intensifié sa coopération avec Cotonou. Le crash d’un hélicoptère d’AFRICOM, le 10 janvier, à Allada, en périphérie de Cotonou, confirme cette dynamique, avec la révélation de la présence de « contractuels » américains chargés de missions aériennes, en l’espèce, un appui à l’armée béninoise pour les évacuations médicales.
Visite de représentants américains au Bénin
« Le Bénin est un partenaire essentiel en Afrique de l’Ouest »
Général de division Kenneth Ekman
En ce début d’année, une délégation de haut niveau du ministère américain de la Défense s’est rendue au Bénin. Selon le site d’AFRICOM, cette visite avait pour objectif de renforcer la coopération en matière de Défense et de sécurité avec Cotonou. Le groupe était conduit par « la sous-secrétaire d’État à la Défense par intérim chargée de la politique, Amanda Dory, la sous-secrétaire d’État adjointe à la Défense chargée des affaires africaines, Maureen Farrell, et le major-général de l’armée de l’air américaine, Kenneth Ekman, ont eu des discussions de haut niveau avec les hauts responsables de la défense » du Bénin « pour renforcer la stabilité régionale et relever les défis critiques en matière de sécurité », indique AFRICOM.
Ces deniers se sont entretenus avec le ministre des Finances en charge de la Coopération, Romuald Wadagni, le ministre des Affaires étrangères Olushegun Adjadi Bakari, le ministre de la Défense Fortunet Nouatin et le chef d’état-major des armées, le général Fructueux Gbaguidi. Les échanges entre les deux parties ont porté sur les moyens de combattre l’extrémisme violent, la piraterie et la criminalité transnationale.
Le Bénin sous pression sécuritaire accrue
Cette visite de haut niveau du département américain de la Défense est intervenue dans un contexte sécuritaire national particulier. Au lendemain du 8 janvier, les Béninois se sont en effet réveillés avec le choc des échos de l’attaque perpétrée la veille par le JNIM au point triple (carrefour frontalier entre le Bénin, le Burkina Faso et le Niger) coûtant la vie à 30 soldats des forces de défense, selon un bilan révisé à la hausse, et faisant plusieurs autres blessés. La stupéfaction frappant le peuple béninois venait autant du lourd bilan de l’attaque, la plus mortelle depuis l’élargissement de la menace djihadiste au pays en 2019, que des circonstances de celle-ci. Le JNIM a en effet frappé au niveau le plus renforcé de la présence militaire béninoise, rassemblée au sein de « l’opération Mirador », dispositif spécial antiterroriste de l’armée.
Passée la sidération, les interrogations portent désormais sur les causes de la fragilisation du dispositif au rang desquelles, la crise de confiance entre le Bénin et les pays frontaliers de l’AES, à savoir le Burkina Faso et le Niger, apparait comme majeure.
Après le Bénin, la délégation d’AFRICOM s’est rendue en Côte d’Ivoire s’entretenir de questions analogues avec le ministre de la Défense Tene Ouattara, le ministre directeur du cabinet du président Fidele Sarassoro et d’autres hauts responsables de la sécurité ivoirienne. Mais les évènements du 8 janvier au Bénin rappellent la limite des efforts sécuritaires déployés par les pays du golfe de Guinée. Face aux relations dégradées entre ces derniers (hormis le Ghana du nouveau président John Dramani Mahama) et les pays sahéliens, épicentres de la menace terroriste, la nature transfrontalière de l’extrémisme violent met en échec les diverses initiatives engagées par les États côtier et leurs partenaires.
Teria News