Donald Trump envisage d’annexer le Groenland, le Canada et le canal du Panama. Par l’usage de la force ou via la guerre économique, le président élu des États-Unis entend exercer une pression maximale sur les autorités souveraines de ces territoires. Objectif : faire des économies budgétaires et prendre de l’avance dans la compétition technologique avec la Chine.
Est-il sérieux ? Passé l’effet de sidération causé par les déclarations de Donald Trump, la question détermine le positionnement des acteurs impliqués face aux ambitions territoriales du prochain président américain. L’expérience de la première administration Trump et la réaction des pays européens, par ailleurs « partenaires » des États-Unis au sein de l’OTAN, offrent d’ores et déjà une réponse à cette interrogation. Aussi absurdes, dans le cadre d’un ordre global plus ou moins respecté par les sujets du droit international, qu’elles ont pu sembler à première vue, force est de constater que les idées émises par Donald Trump sont, sinon mûrement réfléchies, du moins l’expression de convictions fermement ancrées dans sa vision du monde et sa lecture de l’America first.
Et les pays européens ne s’y sont pas trompés. France et Allemagne, socles et moteurs de la construction européenne, mais aujourd’hui affaiblis par des systèmes politiques grippés, et par conséquent, des dirigeants diminués sur leurs scènes nationales respectives comme internationale, se sont insurgés contre les velléités d’annexion du successeur de Joe Biden. « Le principe de l’inviolabilité des frontières s’applique à tous les pays, qu’ils soient à l’est ou à l’ouest […] Ce principe ne peut et ne doit pas être ébranlé. », a déclaré mercredi Olaf Scholz. « Il n’est pas question que l’Union européenne laisse d’autres nations du monde, quelles qu’elles soient […], s’en prendre à ses frontières souveraines », a pour sa part affirmé le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.
Le Groenland, une obsession américaine vieille de 150 ans
« Le Groenland est un endroit incroyable et ses habitants, s’ils deviennent, et quand ils deviendront, une partie de notre nation, en tireront un énorme bénéfice (…) MAKE GREENLAND GREAT AGAIN! (Rendez sa grandeur au Groenland, ndlr) »
Donald Trump sur son réseau Truth Social
Dans son message de fin d’année 2024, Donald Trump exposait déjà ses vues sur le Groenland. Ce vaste territoire artique est considéré par le président américain élu comme « une nécessité absolue » pour « la sécurité nationale et la liberté à travers le monde ». Mardi, lors d’une conférence de presse, il ainsi appelé le Danemark à « renoncer » à ce territoire autonome où le milliardaire a envoyé son fils, Donald Trump Jr, effectuer une « visite privée » particulièrement provocatrice pour les autorités danoises car jouant sur les frustrations des populations autochtones vis-à-vis de Copenhague et leurs projets souverainistes. Piquée au vif par les assauts américains, la famille royale danoise a même modifié ses armoiries pour y inclure le Groenland, sur lequel les États-Unis disposent d’une base militaire, et les île Féroé.
L’intérêt de Donald Trump pour le Groenland suit une certaine continuité. En 2019 déjà, alors 45e président des États-Unis, il avait offert d’acheter l’île au Danemark. Mais Washington lorgne sur le territoire et ses ressources depuis des décennies, même des siècles. Ainsi, Harry Truman avait-il avancé une enveloppe de 100 millions de dollars au Danemark pour racheter le territoire. En 1867, Andrew Johnson avant lui, en avait proposé 7 millions de dollars au pays scandinave. La raison de la convoitise américaine ? Les ressources naturelles du territoire prospectées en pétrole, gaz, uranium mais aussi en terres rares, stratégiques en ce début de XXIe siècle dans la guerre technologique que les États-Unis livrent à la Chine. Toujours vis-à-vis de Pékin, il s’agit également pour Washington de contrer les appels du pied de son grand rival géopolitique qui souhaite en faire une étape de son projet commercial de routes de la soie.
Option sur le canal du Panama et le Canada
« Je ne peux pas vous l’assurer, sur aucun des deux. », répond Trump sur un potentiel usage de la force pour annexer le Groenland et le canal de Panama. Construit par les États-Unis, inauguré en 1914 et rétrocédé au Panama en 1999, Donald Trump s’insurge contre le prix des péages imposés aux navires américains. « Ils ne nous traitent pas de manière juste. Ils font payer nos navires davantage que les navires d’autres pays », a lancé Donald Trump. « Ils se moquent de nous parce qu’ils pensent que nous sommes stupides. Mais nous ne sommes plus stupides à présent », a-t-il encore déclaré.
Plus au nord, Donald Trump lorgne également su le Canada dont il rêve de faire le 51e État américain. Mardi, il menaçait de faire usage de la « force économique » contre son voisin canadien, une source d’économies pour un allié « subventionné » par les États-Unis pour sa protection, selon lui. Quelques heures plus tard, il publiait sur son réseau Truth Social une carte des États-Unis incluant le territoire canadien.
Teria News