Nouvelle passe d’armes entre l’Algérie et le Mali. Bamako dénonce la « proximité et la complicité de l’Algérie avec les groupes terroristes qui déstabilisent le Mali et à qui elle offre le gîte et le couvert ». Une déclaration du ministre Algérien des Affaires étrangères a, de nouveau, mis le feu aux poudres entre les deux pays.
À couteaux tirés avec Alger depuis fin 2023 et l’offensive des FAMa dans le nord Mali, consécutive au retrait de la MINUSMA et à la contestation de ses emprises militaires par les rebelles de l’ex-CMA, aujourd’hui refondu au sein du Front de libération de l’Azawad (FLA), à l’armée malienne, ces derniers jours ont étés marqués par une nouvelle passe d’armes diplomatique entre le Mali et l’Algérie. Sur le plan politique, cette dernière est accusée par Bamako d’ingérence dans le processus de paix malien et d’un appui aux groupes irrédentistes sur la scène diplomatique. Ces interférences ont fondé, aux yeux des autorités militaires maliennes, la dénonciation de l’accord d’Alger en janvier 2024. Sur le volet militaire, le Mali reproche à son voisin de soutenir les mouvements rebelles et terroristes (amalgamés par Bamako) à travers des livraisons d’arme, la mise à disposition de son espace aérien et un partage de renseignements.
Les tensions entre les deux pays ont connu un épisode particulièrement tendu en juillet 2024 dans le cadre de l’offensive des forces armées maliennes sur la ville frontalière de Tinzawatène, dernier retranchement des forces hostiles à Bamako. Sanglante, autant pour les FAMa que dans le rang des forces coalisées du CSP et des terroristes du JNIM, elle a cristallisé les tensions entre Bamako et Alger, accusée, aux côtés de l’Ukraine, d’avoir appuyé la coalition dans son attaque et signé l’arrêt momentané des opérations maliennes dans le nord du pays.
L’Algérie, nostalgique d’une position de « puissance tutélaire »
« Nous avons été très clairs avec Moscou sur ce sujet. L’Algérie rejette une solution militaire contre les Touaregs et refuse de qualifier de terroristes les groupes séparatistes armés au nord du Mali. Une solution militaire ne peut pas fonctionner. L’heure viendra où le Mali acceptera des négociations avec les groupes armés, et nous serons prêts à reprendre notre rôle de médiateur. »
Ahmed Attaf, ministre algérien des Affaires étrangères
Devant la réticence d’Alger, exprimée par son ministre des Affaires étrangères, de qualifier les groupes irrédentistes du nord-Mali de « terroristes », et la réitération de son appel à privilégier une solution politique à l’option militaire, Bamako s’est insurgé « avec une profonde stupeur » contre les propos de Ahmed Attaf sur « la stratégie malienne de lutte contre le terrorisme ». Dans un communiqué publié le 1er janvier, le Mali dénonce à nouveau la « proximité et la complicité de l’Algérie avec les groupes terroristes qui déstabilisent le Mali et à qui elle offre le gîte et le couvert ». Par la même voie, le Mali rappelle que sa stratégie de lutte antiterroriste relève « exclusivement de la souveraineté du Mali et des choix de la Confédération des Etats du Sahel ». Le communiqué du ministère des Affaires étrangères évoque enfin une stratégie de « pompier-pyromane » suivie par Alger dans la crise sécuritaire malienne.
La voix de l’Algérie sur les grandes questions internationales et africaines connaitra un écho particulier en ce début d’année 2025. Alger assure en effet la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’ONU et entend en profiter pour faire valoir son positionnement diplomatique, notamment sur les questions sécuritaires sahéliennes.
Teria News