Une commande de drones par le Bénin distribuée à des terroristes ? Tiani renchérit et porte un coup d’arrêt au réchauffement des relations entre le Niger et le Bénin. La réouverture de la frontière commune aux deux pays s’en trouve de nouveau hypothéquée.
Alors qu’un réchauffement des relations entre les deux pays, conflictuelles depuis la riposte communautaire à la prise de pouvoir par les armes du CNSP en juillet 2023, avait suivi le dégel observé suite à la visite, fin juin 2024, des anciens présidents béninois Nicéphore Soglo et Thomas Boni Yayi au Niger, l’année s’est éteinte sur de nouvelles braises entre le Bénin et le Niger, allumées par une sortie médiatique du général Abdourahamane Tiani. Cotonou a en effet été sonné par des accusations proférées par Niamey désignant à nouveau le Bénin comme État sponsor du terrorisme sahélien.
Le Bénin, mais également le Niger et la Côte d’Ivoire sont expressément indexés comme des proxys des initiatives de déstabilisation de la France en direction des pays de l’Alliance des États du Sahel. Les terroristes opérant dans cet espace bénéficient du « soutien matériel, financier et en formation de la part de la France » et ce, avec « la bienveillance des autres puissances occidentales », a renchérit le chef du CNSP au cours d’un entretien accordé à la télévision nationale nigérienne le 25 décembre dernier.
Aux yeux de Niamey, le Bénin représente toujours une menace sécuritaire
Abdourahamane Tiani évoque plus spécifiquement une commande de drones de la part du ministère béninois de la Défense. Ce matériel militaire aurait, selon Niamey, été distribué à des terroristes au Niger, au Burkina Faso (notamment dans le parc W, à cheval entre les frontières béninoises et burkinabè) et au Mali.
Si l’accréditation d’un ambassadeur nigérien près le Bénin et la multiplication des rencontres bilatérales entre les diplomaties nigériennes et béninoises en marge de sommets comme le FOCAC ou l’Assemblée générale des Nations unies fin 2024, dessinaient une dynamique positive allant dans le sens d’une normalisation des relations entre les deux pays, les nouvelles allégations du général Tiani portent un coup fatal aux efforts consentis de part et d’autre. Plus précisément, ils anéantissent, du moins à court et moyen terme, les espoirs de réouverture de la frontière fermée depuis plus d’un an.
Il faut dire que malgré la décrispation de relations entre les deux pays, et bien que le discours de Niamey a évolué, d’accusations d’hébergement de bases militaires vers celle de complaisance envers la présence d’agents de déstabilisation Français, le CNSP n’a jamais levé l’alerte sécuritaire placée sur ses frontières australes avec le Bénin. Elles sont, au contraire, demeurées un point d’achoppement des négociations en vue de la réouverture des frontières.
Protestations de la partie béninoise
« Nous rejetons catégoriquement ces accusations (…) fausses, fantaisistes, injustifiées et dénuées de tout fondement objectif. Il est inadmissible que le Bénin soit associé à des valeurs contraires à la paix et à la stabilité régionale (…) Le Bénin ne servira jamais de base arrière pour des actes de déstabilisation du Niger. »
Shegun Bakari, ministre béninois des Affaires étrangères dans un courrier adressé à son homologue nigérien
Réagissant toujours aux accusations nigériennes et pour montrer sa bonne foi, la diplomatie béninoise rappelle avoir, dans le cadre du processus de normalisation des relations entre les deux voisins, proposé par écrit une rencontre des chefs d’état-major des deux pays pour lever « les doutes et les suspicions ». La main ainsi tendue par Cotonou est restée sans réponse.
Également indexés par le général Tiani, le Nigéria et la Côte d’Ivoire ont aussi exprimé leurs vives protestations à l’endroit du Niger. Ces pays membres de la CEDEAO, avec laquelle Niamey, mais également Bamako et Ouagadougou, sont en porte-à-faux depuis leur retrait unilatéral (effectif ce janvier 2025), ont reçu le soutien de l’organisation sous-régionale. « La Commission soutient fermement le Nigéria et les autres États membres de la CEDEAO contre les allégations selon lesquelles ils parraineraient le terrorisme », déclare un communiqué publié le 26 décembre 2024.
Teria News