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Mali : Choguel Maïga, voix dissidente au sein du régime

« Le spectre de la confusion et de l’amalgame plane sur la Transition », a-t-il notamment dénoncé samedi. Le Premier ministre malien s’est fendu d’une sortie virulente contre la gouvernance militaire d’Assimi Goïta et ses hommes. Plusieurs organisations, dont le Collectif pour la Défense des Militaires (CDM), l’accusent de « haute trahison » et exigent sa démission.

Les propos tenus samedi devant ses partisans confirment la thèse de son isolement au sein du régime. Et c’est peut-être parce que la voix de Choguel Maïga est devenue inaudible dans l’appareil d’État malien qu’elle déborde hors des sentiers battus de la communication gouvernementale officielle.

À la surprise de son auditoire, le Premier ministre malien a formulé des critiques virulentes contre l’action des autorités qu’il représente, mais dont il estime n’être qu’un pion, réduit à une position de spectateur. Franc-tireur du régime depuis sa nomination en 2021 à la primature, avec des éléments de langage qui ont fait mouche sur les non-dits de la coopération militaire avec la France et l’agenda caché des grandes puissances au Mali comme dans le reste du Sahel, Choguel Maïga déplore aujourd’hui être écarté du processus décisionnel du gouvernement dont il coordonne l’action, sur le papier.

Une Transition qui déborde hors cadre collégial

« La Transition était censée prendre fin le 26 mars 2024. Mais elle a été reportée sine die, unilatéralement, sans débat au sein du gouvernement »

Choguel Maïga, samedi 16 novembre devant les partisans de son mouvement M5-RFP

En 2022, les autorités militaires maliennes s’étaient engagées auprès de la CEDEAO à organiser des élections et à quitter le pouvoir au premier trimestre de 2024. Toutefois, quatre mois avant l’élection présidentielle prévue se tenir en février, Bamako a expliqué avoir contracté une dette de plus de 5 milliards de francs CFA auprès de l’entreprise française Idemia, « raison pour laquelle la base de donnée Ravec est arrêtée depuis mars 2023 ». Les autorités maliennes s’étaient alors appuyées sur la « prise en otage » de ces données par l’ancien partenaire de l’État pour justifier le report sine die du scrutin. Cette difficulté a depuis été résolue par le piratage de l’entreprise française et le recouvrement des données, cette difficulté n’a cependant pas empêché la tenue du référendum constitutionnel en juin 2023.

Une voix dissidente au sein du régime

Choguel Maïga a, de plus, regretté sa mise à l’écart de la prise de décision par les militaires. « Aujourd’hui encore, il n’existe aucun débat sur la question. Le Premier ministre est réduit à se contenter des rumeurs de la presse ou à une interprétation hasardeuse des faits et gestes du Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation », a-t-il déploré.

Il y a deux semaines déjà, le Premier ministre malien déclarait consacrer quotidiennement une heure et demie chaque matin à la lecture de la presse et l’écoute de radios étrangères, dont RFI, la BBC ou VOA, selon une vidéo postée sur les réseaux sociaux. « Je m’informe sur tout ce qui m’est caché ou se fait sans moi », avait-il expliqué. Par ailleurs, en mai, le mouvement M5-RFP, mouvement de contestation social contre le régime de feu Ibrahim Boubacar Keita, a publié une déclaration critiquant ouvertement les dirigeants militaires. Un document signé par un allié de Choguel Maïga, condamné à un an de prison en juillet. Il a ensuite vu sa peine commuée avant d’être libéré en septembre. Son arrestation avait déjà été interprétée comme un signe de fragilité de la position du Premier ministre malien.

Au Mali, plusieurs organisations et partis politiques réclament sa démission. Celle-ci doit même intervenir « sous 72 heures » pour le Collectif pour la Défense des Militaires (CDM) lequel, accuse Choguel Maïga de « haute trahison ».

Teria News

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