« À travers ces écoutes, je m’informe sur tout ce qui m’est caché ». Le Premier ministre Choguel Maïga dit écouter VOA et RFI, pourtant suspendue au Mali. Il s’en explique.
En vertu de la guerre communicationnelle que se livrent pays de l’AES d’une part et les puissances étrangères dont les intérêts sont froissés par les décisions des autorités militaires du Mali, du Niger et du Burkina Faso de l’autre, les radios internationales rattachées à ces États se sont, pour la plupart, vues successivement interdites par les États sahéliens. Ces derniers les considèrent en effet comme des relais d’influence des pays émetteurs et estiment leurs lignes éditoriales hostiles à leur gouvernance.
C’est le cas de Radio France internationale (RFI), interdite en 2022 par Bamako, la BBC ou Voice of America (VOA). Ainsi, les membres de la délégation bamakoise rencontrée il y a quelques jours par le Premier ministre malien ont-ils été surpris d’entendre Choguel Maïga déclarer consacrer chaque jour une heure et demie chaque matin à la lecture de la presse et l’écoute de radios étrangères, dont RFI, la BBC ou VOA, selon une vidéo postée sur les réseaux sociaux.
Mieux gouverner et contrer les narratifs hostiles
« À travers ces écoutes, je m’informe sur tout ce qui m’est caché ou se fait sans moi au Mali », précise Choguel Maïga dans le message de son conseiller, Abdoulaye Koné. « Pour bien gouverner, il faut être informé », indique le Premier ministre malien.
Aussi surprenant que cela ait pu paraitre, Choguel Maïga a expliqué cette habitude par une double préoccupation. D’une part, le Premier ministre malien a déclaré qu’écouter ces médias lui permettait de s’informer en couvrant des angles morts permis par la censure médiatique opérée par les autorités maliennes.
De plus, Choguel Maïga, franc-tireur du régime malien, connu pour ses sorties contre les desseins des puissances avec lesquelles le Mali a marqué une rupture stratégique depuis l’avènement du régime du général Assimi Goïta, a affirmé s’adonner à cet exercice quotidien pour mieux défendre son pays et ses alliés de l’AES. « C’est pour connaître, comprendre et contrer toutes les informations qui sont déversées sur les populations du Mali, de l’AES et de l’Afrique, par les radios étrangères, les Radios (RFI, VOA, BBC, Radio Canada etc., à l’effet de manipuler les peuples. », a-t-il par ailleurs expliqué.
Suite à la suspension de RFI et France 24 en 2022, les chaînes françaises France 2, LCI et la chaîne francophone TV5 Monde l’ont également été par Bamako. Les deux premières ont également été frappées des mêmes mesures au Niger et au Burkina Faso, autres pays de l’AES.
Teria News