Nicolas Sarkozy missi dominici de l’Élysée à Abidjan ? L’ancien président français, reconverti en lobbyiste, aurait tenté de dissuader Alassane Ouattara de briguer un quatrième mandat en 2025.
La rumeur est allée bon train ces derniers jours. Leurs entretiens sont fréquents et portent sur un éventail de sujet, publics comme personnels, Nicolas Sarkozy, alors président français ayant eu un rôle déterminant dans l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara en 2011 à l’issue d’une sanglante crise post-électorale. Depuis, l’ancien chef d’État met à profit de grands groupes comme Bolloré ou Bouygues, ses réseaux tissés sur le continent africain. Sa médiation a d’ailleurs été, à plusieurs reprises, déterminante dans le processus de prise de décision de certaines autorités dans les crises de gouvernance de la sous-région Ouest-Africaine aux conséquences potentiellement fâcheuses pour les multinationales dont il défend les intérêts.
Un entretien réel au contenu extrapolé
Selon certaines informations, Nicolas Sarkozy aurait défendu auprès de son « ami » la position de l’Élysée en faveur d’un désistement du président ivoirien en vue de la présidentielle de 2025 et en dépit des appels à candidature des cadres du RHDP. Ceci, afin d’accroitre les chances de Tidjane Thiam, à la tête du PDCI suite au décès de son prédécesseur Henri Konan Bédié.
Toutefois, bien que beaucoup voient en ce financier le candidat favori de Paris, la plus récente rencontre entre Nicolas Sarkozy et Alassane Ouattara n’aurait pas porté sur le sujet mais davantage sur des préoccupations d’ordre personnel. Selon des indiscrétions de Africa Intelligence, les deux hommes se seraient entretenus début octobre dans l’hôtel particulier de l’État ivoirien, dans le 16ᵉ arrondissement de Paris, en marge du sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Leurs échanges se seraient bornés à l’actualité politique française et n’auraient fait qu’effleurer les futures échéances électorales en Côte d’Ivoire.
Paris face ses contradictions en Afrique
Reste que les voix s’élèvent du côté du pouvoir pour porter la candidature d’Alassane Ouattara à un quatrième mandat en 2025 après un troisième mandat contesté. Il est ainsi considéré par le RHDP comme le « candidat naturel » du parti, au grand dam de l’opposition et de la société civile qui y voient une grave entorse aux principes démocratiques d’alternance et de limitation des mandats. Proche de Paris, la position de l’Élysée dont l’influence, déclinante dans la sous-région, mais qui se maintient en Côte d’Ivoire, est particulièrement scrutée après le soutien d’Emmanuel Macron à une candidature « par devoir » d’Alassane Ouattara en 2020 suite au décès d’Amadou Gon Coulibaly. Dans quelle direction « arbitrera » l’Élysée cette fois-ci ?
Dans un contexte de dépression démocratique sur la scène globale, les troisièmes mandats ont essaimé dans la sous-région Ouest-africaine. Le « virus », inoculé par la candidature d’Alassane Ouattara en 2020 a conquis la Guinée de l’ancien président Alpha Condé, renversé par un coup d’État mené en septembre 2021 par Mamadi Doumbouya après une violente contestation sociale. Il a ensuite attaqué le Sénégal de Macky Sall, sans succès, mais au prix de plusieurs centaines de victimes dans un bras de fer entre l’opposition et le pouvoir. Plus récemment, la tentation du troisième mandat touche la République Démocratique du Congo où le président Félix Tshisekedi, au nom du retour à une certaine « endogénéité », a enclenché un processus de révision de la Constitution dont une des finalités assumées, est de revenir sur la limitation actuelle des mandats.
Teria News