Deux sièges permanents à l’Afrique au Conseil de sécurité de l’ONU. Jeudi 12 septembre, les États-Unis ont apporté leur soutien officiel à cette revendication. Toutefois, Washington s’oppose à une extension du droit de véto aux pays africains. Dans ces conditions, « Non, merci », répond Cyril Ramaphosa.
De fait, cette proposition ferait des États africains des membres de seconde zone. Prérogative la plus emblématique du Conseil de sécurité, le droit de véto permet aux membres permanents de l’instance suprême du système onusien de bloquer toute résolution qui contrevient à leurs intérêts stratégiques ainsi qu’à leur vision géopolitique. Elle octroie au club des cinq États (Chine, Russie, France, Royaume-Uni, Etats-Unis) un pouvoir considérable sur la gouvernance globale et un statut d’exception dans l’ordre mondial. Jeudi 12 septembre, la diplomatie américaine a apporté un soutien officiel à l’intégration de deux membres permanents africains au sein du Conseil de sécurité par la voix de l’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield.
L’élargissement du Conseil de sécurité à des membres permanents du continent était réclamée de longue date par les pays africains. Ce plaidoyer s’est heurté, des décennies durant, aux réticences des membres actuels, principalement occidentaux, lesquels en ont fait une chasse gardée, essentielle à la défense de leur statut de puissance et au maintien d’une position tutélaire dans le concert des nations.
Un « cadeau » aux airs d’offense
Alors que les réactions des chefs d’État africains s’est faite globalement mitigée à l’annonce de la diplomatie américaine, le président Cyril Ramaphosa s’est montré plus tranchant. Pour le chef d’État Sud-Africain il est inacceptable que l’Afrique se voit concéder un statut qui ferait de ses représentants des membres de second plan. « Il n’est pas possible que l’Afrique ait une participation de seconde zone au Conseil de sécurité de l’ONU », a réagi Cyril Ramaphosa. À la tête de la première puissance industrielle du continent, il rappelle que ce dernier est riche d’1,3 milliard de personnes dont l’exclusion de cette instance de gouvernance affaiblit le Conseil de sécurité et le rôle de l’ONU. Cyril Ramaphosa proteste contre la condescendance des États-Unis car, refuser à l’Afrique le droit de veto « signifie que nous devenons encore une fois des citoyens de seconde zone », a-t-il estimé.
« Nous demandons et exigeons de participer sérieusement au Conseil de sécurité de l’Onu », Cyril Ramaphosa
Les États-Unis à la recherche du temps perdu
En se positionnant en faveur d’un élargissement du Conseil de sécurité à deux membres du continent africain, Washington souhaite rester pertinent dans le narratif africain dans une temporalité géopolitique marquée par le 9ème Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC). Organisé à Pékin du 4 au 6 septembre, il a rassemblé un parterre de dirigeants continentaux et marqué le renforcement de l’influence chinoise en Afrique au détriment de ses rivaux globaux, principalement occidentaux. Une longueur d’avance mal digérée par la Maison Blanche laquelle a abattu la carte du contentieux onusien, semblant le résoudre, pour tenter de conserver un leadership continental en voie d’étiolement.
Enjeu majeur de la gouvernance mondiale, l’élargissement du Conseil de sécurité est réclamé par les acteurs du Sud. Au-delà de l’Afrique, l’Inde et ses 1.3 milliards d’habitants ou encore le Brésil, demandent également une place de plein droit. Bloqué par un usage abusif du droit de véto des membres actuels et critiqué pour son défaut de représentativité, le Conseil apparait comme un instrument de gouvernance aux reflets désuets, tant il reflète un ordre international balayé par la montée en puissance démographique, industrielle, politique et militaire de nouveaux acteurs comme les BRICS.
Teria News