Lundi, au moins deux roquettes ont touché la base américaine Aïn al-Assad en Irak faisant plusieurs blessés. Une attaque qui intervient alors que l’Iran et ses alliés de l’« Axe de la résistance » ont promis de riposter aux assassinats du chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh et du chef militaire du Hezbollah, Fouad Choukr.
Assiste-t-on aux premières heures de la réponse des alliés de l’Iran au coup militaire et politique porté par le double assassinat, mercredi 31 juillet, de Fouad Choukr et Ismaïl Haniyeh, respectivement leaders de la branche militaire du Hezbollah et chef politique du Hamas ? Leur disparition a représenté un choc pour Téhéran, dont l’intimité a vraisemblablement été infiltrée par les services secrets israéliens qui ont, selon des révélations du Wall Street Journal, posé une bombe dans la chambre de la maison d’hôte où logeait Ismaïl Haniyeh, deux mois avant de l’actionner.
Atteint en son cœur, le régime iranien et ne cesse depuis de multiplier les menaces à l’endroit d’Israël, relayées par ses partenaires de l’« Axe de résistance » contre l’allié américain. Dans ce contexte où le risque d’embrasement régional n’a jamais été aussi important depuis le déclenchement de la guerre Hamas-Israël à Gaza, lundi 5 août, au moins deux roquettes ont atterri sur la base militaire américaine Aïn al-Assad en Irak, faisant plusieurs blessés.
L’« Axe de la résistance », premier front de la riposte
« Il y a eu une attaque présumée à la roquette [lundi] contre des forces américaines et de la coalition [internationale antidjihadiste] sur la base aérienne Al-Assad, en Irak. Les premières indications font état de plusieurs blessés du côté du personnel américain. »
Porte-parole de la Défense américaine
« Des roquettes ont été lancées sur la base d’Aïn al-Assad », a confirmé une source militaire sous couvert d’anonymat. Certaines « sont tombées à l’intérieur de la base », et une roquette est tombée sur un village voisin sans causer de dégâts, a-t-elle ajouté. Contenues ces derniers mois par la dissuasion américaine dans la région, l’Irak abrite une kyrielle de milices alliées à l’Iran. Avec les rebelles houthis du Yémen, particulièrement actifs contre les intérêts occidentaux sur la mer Rouge, les milices syriennes, le Hezbollah libanais et le Hamas à Gaza, elles appartiennent à l’« Axe de la résistance ». Menés par l’Iran et dirigé contre Israël, les États-Unis et leurs alliés dans la région, ces groupes octroient à Téhéran une profondeur stratégique régionale lui permettant de mener une guerre par proxy contre ses cibles sans en porter directement le coût militaire et géopolitique. 2.500 militaires américains sont toujours stationnés en Irak et 900 en Syrie.
Objectifs politiques d’Israël
« It’s not helping », répondait-il sur le tarmac de la base militaire d’Andrews, près de Washington, où atterrissaient des prisonnier Américains échangés par la Russie contre certains de ses propres ressortissants. Alors que Joe Biden annonçait, une énième fois, la conclusion imminente d’un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, ce double assassinat a douché les espoirs d’une trêve à court terme entre les belligérants dans la bande de Gaza. Dès lors, la temporalité du décès d’Ismaïl Haniyeh interroge sur les intentions de l’État hébreu : l’évènement torpille de facto toute perspective immédiate de paix et prolonge l’état de guerre.
Par ailleurs, la mort d’Ismaïl Haniyeh envoie un mauvais signal dans le sens d’une quelconque normalisation du Hamas. Amorcée par l’accord de gouvernement sur un partage de pouvoir dans la bande de Gaza, signé le 23 juillet avec le Fatah sous l’égide de la Chine, cette poignée de main entre frères ennemis imposerait à l’État hébreu, une fois la guerre terminée, de composer avec un acteur responsable des attaques du 7 octobre et rangé sur la liste noire des groupes terroristes qui menacent sa survie.
Parallèlement aux efforts diplomatiques déployés, les acteurs régionaux comme internationaux ne cachent plus leurs craintes d’un embrasement régional. Ainsi, la Suède, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Jordanie et l’Arabie Saoudite ont appelé leurs ressortissants à quitter le Liban au plus vite, quand plusieurs vols de l’aéroport de Beyrouth se voient successivement annulés.
Teria News