Crise post-électorale au Venezuela : la réélection contestée de Nicolas Maduro

Il est crédité de 51.2% des voix par la commission électorale. Mais le « sacre » de Nicolas Maduro est contesté par la rue, embrasée par des manifestations réprimées à balle réelle par les forces de sécurité. Déjà quatre morts et 44 blessés dans une crise post-électorale qui gagne les principales villes du pays.

Une autre statue de Hugo Chávez déboulonnée dans l’État de Falcón. Un symbole de la colère qui a saisi la population vénézuélienne depuis la proclamation des résultats de l’élection présidentielle par la commission électorale dimanche 28 juillet. Héritier du chavisme, toutefois sans le charisme de son mentor politique, Nicolas Maduro pâtit d’une crise de popularité. Un gouffre entre sa gouvernance et le peuple vénézuélien que même les discours anti-impérialistes qui faisaient mouche sous son prédécesseur ne parviennent plus à réduire.

L’opposition crie à la fraude, refusant de reconnaitre la défaite de son candidat, Edmundo Gonzalez Urrutia qui n’a reçu que 44.2% des suffrages selon les résultats officiels. Son camp en revanche, revendique une victoire nette avec 70% des voix. Après la mort d’un soutien de l’opposition lundi 29 juillet, la violence des affrontements entre les partisans de Edmundo Gonzalez et les forces de sécurité fait tache d’huile, s’étendant aux principaux centres urbains du pays. Le bilan ce mardi s’élève à quatre morts décédés à Marcay, Caracas et dans l’État de Yaracuy, et 44 blessés. L’opposition annonce l’arrestation d’un de ses cadres.

Appel à la formation d’« assemblées populaires »

« Soyons clairs, nous avons 100 % des feuilles de comptage qui ont été envoyées par le CNE […] Je ne sais pas d’où vient le reste. Nous avons toutes les feuilles de pointage qui ont été transmises. Et selon ces informations, Edmundo Gonzalez Urrutia a obtenu 70 % des voix lors de cette élection et Nicolas Maduro a obtenu 30 % des voix. Et ça, c’est la vérité. […] Le Venezuela a un nouveau président élu et c’est Edmundo Gonzalez Urrutia. »

Maria Corina Machado, leader de l’opposition

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La police tire à balles réelles dans les rues de Caracas

En vue d’appuyer la contestation et d’organiser une alternative au régime en forme d’ébauche de transition pacifique, Maria Corina Machado, leader de l’opposition remplacée au pied levé par Edmundo Gonzalez après avoir été écartée du scrutin, a appelé ses concitoyens à participer à des « assemblées populaires » dans tout le pays.

Une communauté internationale divisée

Les soutiens et doutes sur les résultats du scrutin présidentiel vénézuélien reflètent la polarisation géopolitique à l’échelle régionale comme globale entre d’une part, l’Occident collectif et le Sud global de l’autre, associée à l’Est. Ainsi, si sans aucune surprise, les Etats-Unis et les chancelleries européennes, en froid avec Nicolas Maduro depuis sa réélection déjà contestée en 2018 et suivie par une tentative de coup de force portée par Juan Guaido, alors « président » d’un gouvernement de transition reconnu par Washington et ses alliés, émettent des doutes sur la transparence du scrutin, Chine, Russie et Cuba ont pour leur part, félicité Nicolas Maduro pour sa réélection.

Ouvertes, la défiance des occidentaux se fait toutefois timide. Après avoir été mis au ban des nations, sévèrement sanctionné jusqu’à voir les réserves d’or de l’État vénézuélien (31 tonnes) confisquées par la Banque d’Angleterre, Washington et ses alliés, confrontés à l’inflation causée par les sanctions sur les hydrocarbures russes en riposte à l’intervention de Moscou en Ukraine, se sont à nouveau tournés vers le Venezuela aux riches réserves de pétrole.

Dans la région, neuf pays (Argentine, Costa Rica, Équateur, Guatemala, Panama, Paraguay, Pérou, République dominicaine, Uruguay) ont appelé, dans une déclaration commune, à un « réexamen complet » du scrutin « avec la présence d’observateurs électoraux indépendants ». Caracas a réagi en retirant son personnel diplomatique de sept pays (Argentine, Chili, Costa Rica, Panama, Pérou, République dominicaine et Uruguay) et en annonçant suspendre à partir de ce mercredi les vols avec le Panama et la République dominicaine.

Teria News

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