En grandes difficultés pour s’approvisionner en pétrole malgré les immenses réserves locales du Nigeria, la raffinerie Dangote pourrait importer son brut de la Libye et de l’Angola. Une avancée pour le groupe qui fonctionnait jusqu’à présent avec du pétrole venant du Brésil et des États-Unis.
En dépit de la mise en service, il y a un an, de la plus grande raffinerie du pays et du continent, le Nigeria n’a pas encore résolu les paradoxes de son secteur pétrolier. Premier producteur d’or noir d’Afrique, récemment dépassé par la Libye et l’Angola, le champion continental n’avait, avant l’inauguration de la raffinerie Dangote en mai 2023, aucune raffinerie digne de son rang. Au contraire, sabotages, vol du brut, vandalisme des oléoducs, manque d’investissements publics et corruption, le Nigeria ne disposait d’aucune raffinerie fonctionnelle. Résultat : le pays exportait son brut et réimportait des produits pétroliers, subventionnés par l’État fédéral. Populaire mais pesante pour les finances publiques, cette politique a été abandonnée il y a un an par le président Bola Ahmed Tinubu, dès les premières heures de son mandat à la tête du Nigeria.
Pour enrayer la montée en puissance de la raffinerie Dangote, les compagnies pétrolières internationales sont accusées de contrarier l’approvisionnement local du groupe. Selon Devakumar Edwin, vice-président chargé du pétrole et du gaz chez Dangote Industries Limited, ces multinationales opposent au groupe une concurrence féroce en gonflant artificiellement les prix d’achat du brut local par rapport aux cours du marché. Ce qui, toujours selon lui, contraint le groupe à importer le brut qu’il raffine, notamment des États-Unis et du Brésil. Devakumar Edwin estime que les multinationales pétrolières indexées visent ainsi à maintenir le Nigeria dépendant des importations.
« Nous discutons avec la Libye pour importer du brut (…) Nous allons également parler à l’Angola et à d’autres pays d’Afrique », a déclaré Devakumar Edwin, cadre supérieur de la raffinerie Dangote, à l’agence Reuters samedi 20 juillet.
Afin de remédier à cette situation, le groupe Dangote s’est tourné vers la Libye et l’Angola. Bien que concurrents du Nigeria, ces acteurs continentaux devraient permettre à la raffinerie de rationaliser ses coûts d’approvisionnement et ainsi, de renforcer sa compétitivité par rapport aux multinationales pétrolières occidentales.