Et maintenant ? Qui pour gouverner la France ? Le front républicain a offert une force de résistance et de résilience contre l’extrême droite à laquelle les sondages faisaient miroiter une majorité relative, voire absolue. Quel compromis de gouvernement entre les trois blocs arrivés en tête au soir du 7 juillet ?
Il voulait une clarification, Emmanuel Macron aura semé davantage de confusion. À l’étroit dans un Hémicycle où la mouvance présidentielle ne tenait qu’à une majorité relative et humilié par les résultats des élections européennes, lesquelles plaçaient son camp à moins de 15% des suffrages contre 31% pour le Rassemblement national de Jordan Bardella, le chef de l’Elysée décide de renvoyer ses compatriotes aux urnes pour définir les forces politiques en présence avec lisibilité.
Loin des attentes d’Emmanuel Macron, les résultats révèlent une plus grande division du corps électoral, désormais scindé en trois blocs. À gauche, le Nouveau front populaire (France Insoumise, Parti socialiste, Ecologistes) qui obtient 182 députés, le bloc centriste (parti présidentiel et alliés) se dote de 163 élus et l’extrême droite, représentée par le Rassemblement national 143.
Une nouvelle configuration pour un nouveau partage du pouvoir
Ces élections testent les limites de la Ve République, dont un certain nombre d’acteurs politiques annoncent d’ores et déjà la fin. Alors qu’elle a été fondée pour favoriser le bipartisme, l’émergence de trois blocs ouvre une porte au parlementarisme dont le général De Gaulle espérait tourner la page. Le soir du 7 juillet inaugure une période de grandes tractations pour trouver une majorité et appelle la classe politique française à se convertir à une culture du compromis, qui lui est encore peu familière.
Peut-être le corps électoral appelle-t-il justement à une remise en cause du statut quo post 1958, loin d’une forme de « dictature de la majorité » basée sur la position de force d’un bloc, pour épouser une culture de la négociation, de la main tendue envers les autres forces de l’Hémicycle, elles-aussi représentatives de la volonté populaire. Désormais, une majorité ne pourra plus en écraser une autre, sous peine de se voir opposer une motion de censure.
Un gouvernement reconduit dans l’immédiat
Sans compromis entre les blocs de gauche, du centre et d’ultra-droite, existe un risque de blocage de l’Assemblée nationale. Si le Nouveau front populaire résiste aux forces centripètes de la division qui le poussent à la dislocation, quelles alliances pourra-t-il nouer en dehors de ses rangs ?
En attendant l’organisation des appareils politiques, le Premier ministre sortant Gabriel Attal qui est crédité d’avoir limité la casse pour la majorité sortante, est reconduit pour expédier les affaires courantes et clôturer un cycle avec l’organisation des Jeux olympiques. S’il existe une tentation pour Emmanuel Macron de reconduire sa minorité, gonflée avec des débauchages de droite, il s’agirait d’une faute politique assimilable à un coup de force. Le président français doit au contraire acter le rejet populaire dont il est l’objet.
Notons que les sondages ont été démentis devant la claque électorale enregistrée par le RN auquel les sondages avaient pourtant fait miroiter Matignon avec à minima une majorité relative. Il convient toutefois de rester vigilant. En effet, le parti a quasiment doublé du nombre de ses députés élus. Le dimanche 7 juillet, il reste même le premier parti en nombre de suffrages exprimés.
Teria News