Starlink au service du terrorisme en Afrique de l’Ouest ? Dérégulée, la technologie satellitaire d’accès à internet est prisée des groupes terroristes comme Boko Haram et AQMI. Le Mali l’a banni de son territoire.
Eux aussi sont à la pointe de l’innovation technologique. En matière de services d’accès à internet, les groupes insurrectionnels de la sous-région Ouest-africaine semblent faire montre d’une inclinaison particulière à l’endroit de Starlink. Le réseau satellitaire d’Elon Musk est prisé par les organisations telles que Boko Haram au Nigéria ou AQMI et l’EIGS au Sahel.
Le réveil brutal des autorités nigérianes
Lancé au Nigéria en janvier 2023, Starlink offrait de réduire la fracture numérique en améliorant l’accès à internet des zones périphériques pour la somme toutefois non néglieable de 450.000 nairas. Un paradoxe reflété dans son usage. En effet, loin de n’avantager que la ruralité, ce sont les terroristes de Boko Haram qui se sont emparés de la qualité de service offerte par l’entreprise pour mieux coordonner leurs attaques. La découverte d’un terminal Starkink par l’armée nigériane lors d’un raid contre le groupe terroriste et l’arrestation d’un de leurs commandants dans la forêt de Sambisa (nord-est du pays) en mai, a permis aux autorités locales de mieux appréhender les moyens des combattants et de saisir l’ambivalence de l’outil Starlink.
S’il est probable que les groupes terroristes aient eu accès au réseau via des intermédiaires ou en utilisant des prête-noms, Starlink fonctionne toutefois selon des régulations moins strictes que les autres fournisseurs d’accès à internet. Un dernier levier sur lequel les acteurs étatiques sont en mesure d’agir.
Mesures radicales contre Starlink au Mali
Le réseau d’Elon Musk (patron de Space X, Twitter ou Neuralink) fait également des émules au Sahel. En mars dernier, les autorités maliennes ont ainsi décidé de démanteler et interdire les terminaux Starlink sur l’ensemble du territoire national, arguant de la commercialisation incontrôlée et illicite de ses équipements. Au jeu de la mondialisation et de la libéralisation de l’accès à internet, Starlink, peu regardant sur l’utilisation de ses services satellites dans la sous-région, a un coup d’avance sur ses concurrents. En effet, la vente et l’installation des kits Starlink était facilement disponible auprès d’ONG et de particuliers dans différentes zones du Mali, notamment dans les espaces de combat tels que Léré, Gao, Tombouctou, Ménaka et Kidal.
Ces usages posent la question de la responsabilité de Starlink. L’entreprise peut-elle faire l’autruche concernant les utilisateurs de ses services ? Le risque, le cas échéant, serait alors d’être considéré par les Etats menacés comme complice, voire acteur à part entière de leur déstabilisation. Plus largement, ces faits appellent à la recherche d’un point d’équilibre entre innovation technologique d’une part et sécurité collective de l’autre. Ils renvoient à la nécessité de régulation du secteur privé par les puissances publiques, quitte à se heurter à la vision libertarienne d’acteurs économiques comme Elon Musk. D’autant, que le milliardaire s’est avéré être un acteur de premier plan dans le conflit russo-ukrainien, permettant tantôt à l’armée ukrainienne de frapper des cibles stratégiques russes, tantôt les aveuglant comme
Teria News