Vider la CEDEAO pour gonfler l’AES ? Depuis le Kenya, le Premier ministre nigérien Ali Lamine Zeine appelle les pays de la CEDEAO à rejoindre l’Alliance des États du Sahel. Ce, alors que Bassirou Diomaye Faye, médiateur de l’organisation, entame une visite au Mali et au Burkina Faso.
Recentrer l’intégration sous-régionale autour de l’Alliance des États du Sahel ? Voilà le pari géopolitique que le Premier ministre nigérien Ali Lamine Zeine semble faire. C’est toutefois sans compter sur les dernières ardeurs de la CEDEAO laquelle, à huit mois de l’échéance de la période transitoire d’un an (depuis l’annonce du retrait conjoint des trois pays de l’AES) qui doit acter leur départ formel de l’organisation, n’a pas renoncé à faire revenir le Mali, le Burkina Faso et le Niger dans le giron communautaire.
Vider la CEDEAO pour gonfler l’AES ?
« Je ne peux pas être trop provocateur, mais je veux demander à la CEDEAO de rejoindre l’AES. Il y a des pays de la CEDEAO qui voudraient probablement rejoindre l’AES, parce qu’à l’intérieur de l’AES, c’est la culture de la souveraineté et de la dignité du continent »
Ali Mahaman Lamine Zeine, Premier ministre du Niger
Lancés mercredi 29 mai au cours de l’Assemblée annuelle de la Banque africaine de développement (BAD), les mots du Premier ministre nigérien sonnent comme une déclaration hostile à la CEDEAO. De plus, cette déclaration met pour la première fois les deux pays en position de concurrents pour l’intégration régionale.
Alors que le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a été mandaté par Bola Tinubu, chef d’État nigérian et président en exercice de la CEDEAO pour engager une médiation avec les pays de l’AES afin d’infléchir leurs positions, les mots d’Ali Lamine Zeine donnent la mesure du défi accepté par le président sénégalais.
D’autant, que la position de Dakar dans la crise multidimensionnelle que traverse la CEDEAO appelle à être éclaircie. En effet, entre d’une part, la posture statutaire et jusqu’ici conciliante avec l’institution sous-régionale adoptée par Bassirou Diomaye Faye qui milite pour un changement de l’intérieur à travers des réformes dont celle de la monnaie et d’autre part, le soutien sans ambages de son Premier ministre Ousmane Sonko aux pays de l’AES dans leur bras de fer avec la CEDEAO, le Sénégal soit trouver un équilibre qui lui conserve la crédibilité panafricaniste gagnée par le Pastef et sa place de choix dans l’architecture institutionnelle sous-régionale. Annoncées pour ce jeudi 30 mai, les visites du président sénégalais au Burkina Faso, puis au Mali, deux des trois pays de l’AES devrait clarifier la vision de Dakar.
Teria News