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Côte d’ivoire/Présidentielle 2025 : Alassane Ouattara « candidat naturel » du RHDP

Lundi, le RHDP a désigné Alassane Ouattara comme son « candidat naturel » pour la présidentielle d’octobre 2025. Face à lui, le PPA-CI lui, a investi Laurent Gbagbo. L’affiche d’un duel improbable et d’une démocratie confisquée.

Un an et demi avant la prochaine échéance présidentielle, les appareils politiques se mettent déjà en branle pour la conquête ou la conservation du pouvoir d’État. Chez le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), créé et organisé autour de la personne et des ambitions de Laurent Gbagbo, c’est sans surprise que ce dernier a été désigné candidat de sa formation politique en vue de l’élection présidentielle. À l’issue d’une convention organisée le 10 mai dernier, militants et cadres du parti n’ont pas été refroidi par le statut de l’ancien président ivoirien. En effet, Laurent Gbagbo est toujours radié des listes électorales. Condamné à 20 ans de prison pour « braquage » la BCEAO, il demeure inéligible, la grâce présidentielle accordée en août 2022 par le président Alassane Ouattara, à l’opposé d’une amnistie, ne restaurant pas ses droits civiques. Du côté du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), Alassane Ouattara s’affirme comme le choix des cadres du parti.

Quand le RHDP fait le choix de la continuité

« Nous nous sommes tous accordés pour dire que ce qui est en jeu, c’est la victoire éclatante du RHDP, la victoire de notre champion, de notre mentor, de notre candidat naturel, de son Excellence M. Alassane Ouattara à l’élection présidentielle de 2025 »

Gilbert Koné Kafana, président du directoire du RHDP

Une position reprise par Kobenan Kouassi Adjoumani, porte-parole du parti. « La réunion a réaffirmé l’attachement indéfectible de toutes les structures au président du parti. Elles se sont engagées à se mettre en ordre de bataille pour la préparation à la victoire éclatante du président du parti, son Excellence M. Alassane Ouattara à l’élection présidentielle de 2025 », a-t-il confirmé. Lundi 27 mai, les hauts cadres du RHDP se sont donc réunis pour sonner la mobilisation générale en amont de la présidentielle d’octobre 2025 et réaffirmer leur préférence pour une candidature d’Alassane Ouattara.

À respectivement 79 ans pour Laurent Gbagbo et 83 ans pour son successeur d’ici 2025, les deux hommes envisagent un ultime duel politique, rendu possible par l’avènement de la troisième république, à la faveur de l’adoption d’une nouvelle Constitution. Entrée en vigueur en 2016, elle supprime la borne supérieure de limite d’âge. Ainsi, si la Loi fondamentale maintient le critère d’âge minimum, tout en l’abaissant à 35 ans, elle ne fait plus référence à un critère de vieillesse quand la précédente, limitait l’âge des candidats à 75 ans.

Une Démocratie confisquée ?

Le choix de deux figures de ces dernières décennies de la vie politiques ivoirienne, reflète-t-il les aspirations des militants, et plus largement des ivoiriens, ou une stratégie endogamique des appareils politiques ? Alors que 77% de la population a moins de 35 ans, l’absence de représentativité des candidats interroge le fonctionnement des partis dans le processus, en principe démocratique, de sélection et de désignation de leurs poulains. D’autant, que la mise à l’écart des jeunes par l’érection d’obstacles au renouvellement de la classe politique a entravé l’émergence d’une nouvelle génération, et dès lors, enrayé celle d’une nouvelle offre politique.

De part et d’autre de l’échiquier, les exemples de Guillaume Soro et Charles Blé Goudé, respectivement pressentis comme les dauphins de leurs anciens mentors, depuis aliénés, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, renseignent sur un verrouillage du système en amont des échéances électorales. Cette limitation du choix contrevient au principe d’ouverture de la compétition électorale et appartient à la boîte à outil des régimes en quête de perpétuation. Illibérales, ces manœuvres rendent impossibles la validation des critères de « free and fair » (libre et juste), devant qualifier des élections démocratiques.      

En outre, le positionnement de Laurent Gbagbo a déçu de nombreux espoirs placés en lui. L’ancien président a en effet préféré le retour dans l’arène alors que beaucoup le voyaient épouser la posture de figure tutélaire. En somme un Nelson Mandela de son temps, capable de rassembler les ivoiriens autour de valeurs communes, à même de transcender les divisions partisanes. Après un troisième mandat contesté en 2020, la candidature d’Alassane Ouattara à un quatrième mandat elle, semble enfoncer le clou de ce que nombre de ses compatriotes ont considéré être une trahison de l’esprit de la Constitution et de la parole donnée en faveur d’une alternance politique et générationnelle. Au PDCI, Tidjane Thiam, nouveau président du parti devrait être désigné comme son candidat.

Teria News

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