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Sénégal : soulagement de la pêche artisanale face aux chalutiers étrangers

Du poisson plein les filets et sur les étales ! Depuis la publication par les nouvelles autorités sénégalaises d’une liste de navires autorisés à pêcher, la pêche artisanale respire à nouveau. En cause : les chalutiers européens et chinois responsables du pillage des ressources halieutiques.

La mesure a été saluée par les acteurs nationaux du secteur. Et depuis, un changement notable a été constaté par la filière de la pêche artisanale. Là où les navires rentraient bredouilles ou avec un maigre butin, au prix de d’efforts pourtant conséquents, les fonds marins se montrent aujourd’hui plus généreux. Ils sont surtout moins sollicités après la publication par les nouvelles autorités sénégalaises d’une liste de navires autorisés à pêcher dans les eaux du pays.

Riche en ressources halieutiques, la zone économique exclusive du Sénégal est particulièrement convoitée par les partenaires de Dakar, dont l’Union européenne et la Chine qui, à eux deux, cristallisent la majorité des griefs portés par les pêcheurs artisanaux qui reprochent à leurs chalutiers, battant pavillon UE, Chine, ou parfois camouflés sous des drapeaux nationaux, de siphonner les poissons à destination de leurs marchés communautaire et national, mais au détriment des besoins locaux.

Une première tentative de régulation

La liste publiée lundi 6 mai désigne 132 navires industriels battant pavillon sénégalais, 19 étrangers et plus de 17 400 pirogues artisanales. Toutefois, plusieurs acteurs du secteur dénoncent le fait que de nombreux bateaux industriels enregistrés comme sénégalais sont en réalité la propriété d’étrangers qui utilisent des prête-noms. « Nous nous réjouissons de la publication de cette liste. Maintenant, il faut aller plus loin en faisant un audit indépendant » de la flotte sénégalaise, a ainsi préconisé Babacar Sarr, secrétaire général du Conseil national interprofessionnel de la pêche artisanale.

Cette mesure a permis de regarnir les filets de quelques 50 000 pêcheurs artisanaux et les étales des marchés locaux. Une première victoire pour les fragiles pirogues dans le bras de fer qui les oppose aux chalutiers suréquipés et motorisés.

Quand la surpêche déséquilibre le tissu social et l’écosystème marin

« Les pêcheurs européens pêchent 3000 tonnes par an. Ils sont autorisés à pêcher un quota de 10 mille tonnes, au titre de l’accord de pêche. Ils en pêchent 3 mille et la totalité des prises au Sénégal est de 400 mille tonnes par an (…) L’accord de pêche entre l’UE et le Sénégal représente moins d’1% de la pêche au Sénégal »

Jean Marc Pisani, ambassadeur de l’Union européenne au Sénégal

Jugée déloyale, la concurrence imposée par les navires de pêche étrangers aux acteurs locaux a des conséquences économiques, sociales et environnementales sévères. Alors que la pêche artisanale représente 3,2% du PIB national, plus de 10% des exportations et jusqu’à 600.000 emplois directs ou indirects sur une population de 18 millions d’habitants selon l’ONU, nombre d’entre eux n’arrivent plus à joindre les deux bouts à cause de la surpêche.

Une précarité qui pousse des vagues de jeunes Sénégalais à prendre la mer au péril de leur vie. En effet sur les 6.000 fils et filles d’Afrique morts en voulant gagner l’Europe 2023, soit trois fois plus qu’en 2022, la moitié sont des Sénégalais, notamment poussés hors du pays par une gestion inéquitable des ressources halieutiques.    

La sortie, effectuée dans le cadre de la journée de l’Europe, de Jean Marc Pisani a eu peu d’effet sur les acteurs de la filière. Elle répondait aux rumeurs selon lesquelles l’exécutif sénégalais aurait suspendu l’accord de pêche de 2019 liant l’UE et le pays et visait à en minimiser l’impact. Depuis démenties, reste qu’à l’orée d’une renégociation de cet accord, qui arrive à expiration en novembre de cette année, la grogne populaire et les actes posés par Dakar font pression sur les intérêts européens.

Teria News

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