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Les États-Unis bloquent une livraison d’armes à Israël

Washington suspend une livraison d’armes à Israël. Une première depuis le début du conflit entre Tel Aviv et le Hamas qui affole les responsables israéliens. En cause : l’entêtement du cabinet de guerre de Benjamin Netanyahou à mener une offensive sur Rafah.

Est-ce un tournant dans la guerre de haute intensité que se livrent Israël et le Hamas depuis les lendemains du 7 octobre ? Selon le média en ligne Axios, citant des sources confidentielles américaines, les États-Unis ont suspendu une livraison de munitions à Israël la semaine dernière. Citant cette fois deux responsables israéliens anonymes, Axios indique également que cette décision a alarmé les responsables du gouvernement israélien. Elle marque en effet un premier acte fort de Washington qui s’était jusqu’ici contenté de prises de distance rhétoriques à l’égard de la stratégie du cabinet de guerre israélien dans sa riposte contre le Hamas sur la bande de Gaza.  

Quelques jours plutôt, le secrétaire d’État américain Antony Blinken avait averti Benjamin Netanyahou qu’une « opération militaire majeure » sur la ville frontalière de Rafah entrainerait une condamnation publique des États-Unis et aurait un impact négatif sur les relations américano-israéliennes. Ces mises en garde auraient ensuite été réitérées par John Kirby et Jake Sullivan, tous deux conseillers à la Sécurité nationale.

Pression de l’opinion publique américaine

« Cinquante-deux pour cent des Américains estiment que le gouvernement des États-Unis devrait interrompre les livraisons d’armes à Israël jusqu’à ce que le pays cesse ses attaques contre la Bande de Gaza »

Center for Economic and Policy Research (CEPR)

En pleine année électorale, l’administration Biden vraisemblablement talonnée, selon les sondages, par la dynamique trumpiste lors des élections de novembre prochain, est en difficultés avec une partie de sa base électorale. En ébullition depuis plusieurs mois, la mobilisation des étudiants sur les campus universitaires parmi les plus prestigieux du pays permet de prendre la mesure de la réception du soutien armé des États-Unis à Israël, depuis le déclenchement de la riposte de Tsahal sur Gaza, par la jeunesse américaine. Socle électoral du parti démocrate, ce vivier de voix menace de faire défection et de lâcher Joe Biden, candidat à sa propre succession. Cette pression électorale interne, ajoutée aux accusations de double standard qui érodent le soft power américain sur la scène globale contraignent l’administration Biden à infléchir son soutien historique à l’allié israélien et joindre le geste à la parole.  

Mais outre les mobilisations estudiantines, certains sondages confirment la désapprobation que l’appui militaire et diplomatique de Washington à Israël suscite chez une partie des Américains. Ainsi, selon le Center for Economic and Policy Research (CEPR) citant une enquête menée entre le 27 février et le 1er mars, plus de 50% d’entre eux souhaitent que l’administration Biden interrompe les livraisons d’armes à Israël, jusqu’à la fin des attaques contre la bande de Gaza. Les positions sont plus tranchées au sein des électeurs démocrates pour lesquels, selon le même sondage : « 62 % des sondés qui ont voté pour le président (Joe) Biden en 2020 sont d’accord avec l’affirmation ‘Les États-Unis devraient arrêter les livraisons d’armes à Israël jusqu’à ce qu’Israël cesse ses attaques contre la population de Gaza’, tandis que seulement 14 % ne sont pas d’accord ».

Offensive d’Israël sur Rafah

Pendant ce temps, Tel Aviv poursuit ses plans d’offensive sur Rafah suite à l’échec des pourparlers de ce weekend sur une trêve avec le Hamas. Rafah, à la frontière sud de la bande de Gaza et de l’Égypte, abrite selon l’ONU 1,2 million de Palestiniens, soit la moitié de la population du territoire, soit la plupart des déplacés qui ont fui la riposte israélienne entamée au nord de l’enclave côtière. 

Ce lundi, l’État hébreu a procédé à l’évacuation de 100.000 personnes à l’est de la ville. Modérant les ardeurs de Benjamin Netanyahu qui avait annoncé l’offensive comme inéluctable peu importe l’issue des négociations avec le Hamas, l’armée israélienne présente l’opération comme « limitée ». « Nous avons commencé une opération d’ampleur limitée pour évacuer temporairement les personnes résidant dans l’est de Rafah », a déclaré lundi un porte-parole de l’armée, répétant : « C’est une opération d’ampleur limitée ».

Les négociations entre les deux camps achoppent sur la nature du cessez-le-feu. Alors que le Hamas réclame une cessation définitive des hostilités, Israël maintient son objectif professé de détruire le mouvement islamiste.

Teria News

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