Paris s’apprête à envoyer 2.000 soldats en Ukraine, selon le renseignement russe. À l’offensive depuis plusieurs semaines contre la Russie, Emmanuel Macron a multiplié les déclarations en faveur de l’envoi de troupes occidentales au sol, en soutien à Kiev.
Le président français pourrait bientôt joindre le geste à la parole. C’est du moins ce que révèle le chef du Service russe de renseignement extérieur (SVR) Serguei Narychkine.
« D’après les données recueillies par le SVR, un contingent destiné à être expédié en Ukraine est déjà en formation. À la première étape, il comprendrait près de 2.000 personnes », Serguei Narychkine.
Plus tôt dans la journée, le chef d’état-major de l’armée de Terre française, Pierre Schill, a indiqué dans une tribune pour journal Le Monde que la France se tenait prête aux engagements « les plus durs ».
Changement de braquet hexagonal
L’initiative française intervient dans le cadre d’une soudaine escalade verbale d’Emmanuel Macron. Deux ans après le déclenchement de l’opération russe en Ukraine, le président français a marqué une nette inflexion de la posture à l’égard de la Russie. Si 24 mois plus tôt, il fallait selon l’Élysée, éviter « d’humilier la Russie », aujourd’hui, il paraît impératif de lui infliger une défaite en Ukraine, de peur de mettre en danger toute l’architecture sécuritaire européenne. D’autant que, comme une épée de Damoclès, les élections de novembre prochain et la perspective du plus en plus réaliste d’une réélection de Donald Trump, font pendre au nez des pays européens, un lâchage américain dans le cadre de l’OTAN. Sans le parapluie états-unien et sans véritable défense européenne, Paris anticipe une vulnérabilité stratégique sur son flan Est.
À la fin du mois de février, Emmanuel Macron avait, à la surprise de ses alliés otaniens, affirmé ne pas exclure l’envoi de troupes au sol en Ukraine. Loin d’une parole isolée, c’est désormais la ligne que le président français a non seulement adoptée, mais qu’il défend régulièrement, que ce soit devant les chefs de parti français, lors d’un entretien télévisé ou encore vendredi dernier, auprès du journal Le Parisien. « Peut-être qu’à un moment donné, je ne le souhaite pas, n’en prendrai pas l’initiative, il faudra avoir des opérations sur le terrain, quelles qu’elles soient, pour contrer les forces russes », a-t-il assuré lors de son voyage retour depuis Berlin où il s’est entretenu avec le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre polonais Donald Tusk, réactivant le Triangle de Weimar, soit la coopération trilatérale (depuis 1991) entre la France, l’Allemagne et la Pologne, face aux velléités de Moscou.
Les dernières déclarations d’Emmanuel Macron constituent un pas en dehors de l’ambigüité stratégique jusqu’ici entretenue par l’Élysée à l’égard de la Russie. Elles marquent également une volonté d’affirmer un leadership européen, voire global, sur le conflit russo-ukrainien face aux bégaiements du soutien américain à Kiev.
Teria News