À six semaines des élections générales, l’ANC, parti historique de l’Afrique du Sud post-apartheid est crédité de moins de 40% des intentions de vote. Pour la première fois en 30 ans de règne, le parti-État pourrait devoir former une coalition gouvernementale pour rester au pouvoir.
Le déclin du Congrès national africain (ANC) est survenu sur le temps long et la fin de sa domination sur l’échiquier politique sud-africain est due, autant à des causes conjoncturelles comme les chocs encaissés par l’économie globale après la double crise sanitaire et économique du Covid-19, suivie de l’inflation provoquée par la guerre en Ukraine, que structurelles telles qu’un chômage record de 33% (près de 50% chez les jeunes) ou la corruption, cause principale des sous-performances du groupe de fourniture d’énergie électrique Eskom. Sans oublier la vétusté des infrastructures portuaires et ferroviaires et la criminalité.
Un tournant historique
Après 1994 et l’avènement de la démocratie, l’Afrique du Sud pourrait connaitre un nouveau tournant à l’issue des élections générales du 29 mai prochain. Le scrutin pourrait sonner le glas de 30 ans de règne sans partage pour l’ANC dont l’offre politique, le bilan et la légitimité s’érodent au rythme des changements générationnels. La conquête des libertés individuelles et collectives accomplie de haute lutte à la fin du siècle passé, la jeunesse Noire ne se sent plus redevable envers une formation politique à qui elle reproche, en plus de sa corruption, d’avoir laissé le pouvoir économique à la minorité Blanche du pays et, en 30 ans de pouvoir, d’avoir échoué à réduire les inégalités, toujours plus galopantes.
Résultat, selon un sondage d’opinion publié le dimanche 10 mars par le cabinet SABI Strategy Group et la Fondation Brenthurst, le parti-État pourrait obtenir moins de 40% des voix, lors des prochaines élections. Une tendance de plus déclinante. Les intentions de vote en faveur du l’ANC ont en effet chuté à 39% en février 2024, contre 44% en novembre 2023.
Vers une coalition gouvernementale ?
L’émiettement des voix se fait principalement au profit de l’Alliance démocratique (DA). D’obédience centriste et libérale, le parti a recueilli 27% des intentions de vote en février dernier, alors que l’uMkhonto WeSizwe (MK), une formation créée en décembre 2023 par l’ancien président Jacob Zuma, en a obtenu 13%.
Le sondage indique que l’ANC sera, pour la première fois de son histoire, contraint de s’allier à d’autres formations pour gouverner, au lendemain du scrutin général. Toujours selon l’étude, une large majorité de Sud-Africains sont favorables à une coalition gouvernementale. Si 29% des sondés penchent pour une alliance entre l’ANC et la Charte multipartite (Multi-Party Charter) qui regroupe 11 partis d’opposition parmi lesquels le parti Inkatha de la liberté, l’Alliance démocratique et l’ActionSA, 25% en revanche préféreraient une alliance entre l’ANC et l’Alliance démocratique.
Teria News