AfriquePolitique

Ibrahim Traoré rend visite à Assimi Goïta

Pour son premier déplacement officiel, Ibrahim Traoré se rend au Mali. Le président de Transition burkinabè écarte l’option russe. Sankariste, il préfère miser sur le patriotisme burkinabè et la coopération avec ses voisins sous-régionaux pour endiguer la menace terroriste. Le Burkina Faso vise, à terme, accélérer « l’avènement d’un État africain fédéral ». 

Après avoir rassuré les partenaires du Burkina Faso sur ses engagements internationaux, Ibrahim Traoré a, au lendemain de sa prise de pouvoir du 30 septembre dernier, en partie livré sa vision pour l’avenir sécuritaire du pays. Pour relever les défis colossaux dont il a hérité, le président de Transition ne veut se tourner ni vers l’Est ni vers l’Ouest. Le jeune capitaine rejette l’option de la société de sécurité privée russe Wagner pour reconquérir les 40% de territoire avalés par les groupes terroristes et relocaliser les plus de deux millions de déplacés internes du Faso. Ibrahim Traoré préfère plutôt miser sur les ressources internes du Burkina Faso en faisant appel au patriotisme de ses compatriotes via une campagne d’enrôlement de 50 000 nouveaux volontaires pour la défense de la patrie (VDP), mais compte également sur la solidarité entre voisins sahéliens.

« On craint que le Burkina Faso ne suive l’exemple du Mali voisin, qui a engagé à la fin de l’année dernière des combattants mercenaires du groupe russe Wagner pour aider son armée à combattre les insurgés islamistes », a déclaré la sous-secrétaire américaine aux affaires politiques, Victoria Nuland. « Nous avons eu l’occasion de nous asseoir avec le président intérimaire Traore et son équipe dirigeante, y compris son ministre de la défense. Il a été sans équivoque en disant que seuls les Burkinabés défendront leur pays. Ils n’ont pas l’intention d’inviter Wagner », a-t-elle ajouté lors d’un point de presse numérique.  

La défense locale du territoire nationale, une question de souveraineté

Dans un entretien accordé à la télévision nationale burkinabè le 30 octobre, Appolinaire Joachim Kyelem de Tembela a désavoué les partisans de « la Russie ou rien », selon les mots scandés par une dizaine de manifestants deux jours auparavant.

« Il y en a qui disent qu’il faut appeler tel pays pour venir nous aider à nous battre, certains qui disent qu’il faut appeler tel autre, nous, nous sommes convaincus que c’est à nous de défendre notre pays. Nous sommes convaincus que personne ne peut faire le bonheur des burkinabè à leur place. Donc c’est aux burkinabè d’abord de défendre leur territoire. Si quelqu’un vient défendre ce territoire à notre place, vous pensez qu’il va nous laisser notre souveraineté ? »

Appolinaire Joachim Kyelem de Tembela, Premier ministre burkinabè

Les recrutements se feront désormais sur la base du volontariat et les VDP enrôlés seront prioritaires dans l’intégration de l’armée, a indiqué le chef de gouvernement. Appolinaire Joachim Kyelem de Tembela a de plus justifié sa prudence vis-à-vis des partenariats sécuritaires avec les grandes puissances par la crainte d’éventuels agendas cachés : « Nous ne voulons pas, n’est-ce pas, qu’on vienne nous dire : on va vous aider à faire ceci et derrière notre dos, on fait autre chose, non. Donc nous tenons à ce que chaque partenaire soit loyal avec nous et c’est à l’aune de cela que nous allons renforcer ou réduire notre coopération avec nos partenaires internationaux. »

Un État africain fédéral ? La renaissance d’un projet panafricaniste

Rappelant sa qualité de président du Mouvement fédéraliste africain, Appolinaire Joachim Kyelem de Tembela a réaffirmé son engagement en faveur de la fédération des États du continent et confié partager ces convictions avec le président Ibrahim Traoré.  

« Notre attitude est de renforcer notre coopération, d’abord sécuritaire, avec tous les pays qui nous environnent, voilà, notamment avec le Mali. » Le Premier ministre burkinabè cite également le Niger, le Bénin ou le Togo, également aux prises avec l’hydre terroriste comme des objets d’une coopération renforcée, « parce que nous voulons accélérer le processus de l’avènement d’un État africain fédéral », a déclaré le chef de gouvernement.

Au cœur du panafricanisme, le projet fédéral africain s’est éteint avec la mort des premiers chefs d’État issus des mouvements de décolonisation sur le continent. Réactualisé par la société civile ces dernières années, sa mise à l’agenda par des décideurs politiques, même à l’échelle d’une nation, pourrait marquer un tournant dans sa matérialisation.

Teria News

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page