Saisie pour « génocide » par l’Afrique du Sud, la Cour internationale de justice (CIJ) ordonne à Israël d’empêcher tout acte de « génocide » dans la bande de Gaza et de laisser entrer l’aide humanitaire. L’ANC célèbre une « victoire décisive » pour le droit international.
La décision de la CIJ a été accueillie aux sons de chants et danses par l’ANC. Le Congrès national africain, au pouvoir depuis 30 ans en Afrique du Sud, salue une « « victoire décisive » pour le droit international. Dans une décision très attendue, la plus haute juridiction de l’ONU s’est déclarée compétente pour juger des accusations de « génocide » portées par Prétoria contre Tel Aviv dans le cadre de la riposte israélienne dans la bande de Gaza, suite aux attaques meurtrières du 7 octobre 2023. Si la procédure s’étendra probablement sur des années, ce vendredi, la Cour s’est prononcée en urgence sur les mesures conservatoires réclamées par l’Afrique du Sud.
Une victoire en demi-teinte
Dans son délibéré, la CIJ enjoint Israël de « prévenir et punir » l’incitation au « génocide » dans la bande de Gaza, autrement dit, de « prendre toutes les mesures en son pouvoir pour empêcher » les actes qui pourraient relever de la Convention des Nations Unies sur le génocide, établie en 1948 après l’Holocauste. De plus, la Cour ordonne à Israël de prendre « des mesures immédiates et efficaces pour permettre la fourniture des services de base et de l’aide humanitaire dont les Palestiniens ont un besoin urgent pour faire face aux conditions de vie défavorables auxquelles sont confrontés les Palestiniens », en référence à l’aide humanitaire bloquée au point de passage de Rafah, situé à la frontière avec l’Égypte qui accuse l’État hébreu d’être responsable de l’entrave à l’acheminement des centaines de camions stationnés sur son territoire. Le Hamas de son côté, salue « un développement important » qui « isole Israël ».
Toutefois, la CIJ n’a pas donné raison à l’Afrique du Sud sur la cessation des hostilités. La Cour en effet, n’a pas ordonné de cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza.
Reste qu’avec sa démarche auprès de la CIJ et la première décision de ce vendredi, l’Afrique du Sud prend un leadership, au nom du Sud Global, sur le dossier du conflit Israélo-palestinien et la présente guerre qui oppose l’État hébreu au Hamas.
Joe Biden sous pression de son électorat
Le directeur de la CIA, William Burns est annoncé au Proche-Orient pour négocier un cessez-le-feu en pleine pré-campagne présidentielle et alors que Joe Biden essuie critiques sur critiques de la part de militants propalestiniens, comme de l’aile gauche de son parti. Représentée par des figures de la jeune garde des Démocrates comme Alexandria Ocasio-Cortez, elle remet en cause le soutien inconditionnel de la Maison Blanche à Israël et menace de fragiliser l’adhésion de nombreux électeurs, pour la plupart membres de la génération Z, à Joe Biden en vue des élections de novembre 2024.
Conscient de l’effritement de ses soutiens face à sa politique étrangère et confronté à la montée en puissance de la candidature de Donal Trump à la primaire républicaine, le président américain, candidat à sa propre succession, est pressé de trouver une solution à la guerre qui oppose Israël au Hamas. À défaut de convaincre le cabinet de guerre dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu de mettre fin aux opérations militaires de Tsahal dans l’enclave côtière, qui ont coûté la vie à plus de 26 000 civils Palestiniens, la plupart sous des armements américains, l’administration Biden doit négocier un cessez-le-feu durable, de peur d’affronter la sévérité d’une opinion publique de plus en plus sensible au nombre de victimes civiles et rétive à maintenir l’appui de Washington à l’État hébreu.
Teria News